transition énergétique : le pari des métaux stratégiques

Christian Parisot, président d’Altaïr Economics, met en lumière les défis majeurs de la transition énergétique, au travers notamment la flambée des cours du cuivre. Alors que le cuivre, élément clé de l’électrification, voit ses cours s’envoler, cette crise révèle des tensions structurelles et géopolitiques qui pourraient bouleverser les stratégies énergétiques mondiales. Entre tensions sur l’offre et demande croissante, quels impacts pour les investisseurs et quelles opportunités saisir ?

Un marché du cuivre sous tension

La transition énergétique dépend fortement du cuivre, matériau essentiel à l’électrification et à la décarbonation. Cependant, le marché subit une envolée spectaculaire des cours, résultat d’un mélange de facteurs financiers et fondamentaux.
Christian Parisot met en lumière un phénomène récent de short squeeze : des vendeurs à découvert, incapables de livrer le cuivre qu’ils avaient vendu, se retrouvent contraints de racheter leurs positions. Cette situation, exacerbée par des restrictions sur le cuivre russe et chinois, alimente une flambée des prix sur les marchés.
Mais au-delà de ces facteurs techniques, la demande structurelle explose. La transition énergétique et le développement massif des data centers, cruciaux pour l’intelligence artificielle, amplifient les tensions. Ces infrastructures, extrêmement consommatrices de cuivre, entrent en compétition avec la production de véhicules électriques et de panneaux solaires.

Des défis environnementaux et sociaux croissants

L’extraction du cuivre, bien que le métal soit relativement abondant, devient de plus en plus coûteuse et complexe. La baisse de la teneur en cuivre dans les minerais oblige les exploitants à traiter davantage de terre pour des résultats moindres. Le réchauffement climatique aggrave la situation : les sécheresses réduisent l’accès à l’eau, ressource indispensable pour raffiner les métaux.
Dans certaines régions, comme l’Amérique latine, des mines ont été fermées suite à des mouvements de protestation contre la pollution et la destruction des ressources locales. Pour décarboner l’économie, il faut consommer davantage d’énergie carbonée dans le processus d’extraction, augmentant ainsi le bilan carbone global.

Transition énergétique : un choix entre souveraineté et rapidité

Christian Parisot met en lumière un dilemme : faut-il prioriser une transition énergétique rapide ou protéger l’industrie locale ? Selon lui, la Chine, leader mondial du marché, produit actuellement 50 % des véhicules électriques et dispose de capacités de production de batteries largement excédentaires, atteignant le double de ses besoins domestiques. Cette position dominante permet à la Chine de proposer des produits essentiels à la transition énergétique à des coûts très compétitifs.
Cependant, Christian Parisot souligne que cette dépendance vis-à-vis de la Chine pose des risques majeurs. Pour préserver leurs industries locales et protéger l’emploi, l’Europe et les États-Unis pourraient être contraints d’instaurer des barrières tarifaires ou de soutenir massivement leurs entreprises via des subventions. Toutefois, ces mesures indispensables pourraient ralentir l’adoption des technologies vertes.

Transition énergétique : quel pari pour les investisseurs ?

Dans ce contexte tendu, le cuivre apparaît comme une thématique d’investissement intéressante. Christian Parisot recommande d’envisager une exposition à ce métal via des ETF ou des entreprises spécialisées, comme Schneider Electric, qui tirent parti des besoins croissants en électrification.
Cependant, il met en garde contre les excès actuels du marché. La flambée des cours pourrait être suivie d’une correction à court terme. Sur le long terme, en revanche, la demande structurelle pour le cuivre devrait soutenir son attrait.
À l’inverse, les entreprises produisant des panneaux solaires, des éoliennes ou des véhicules électriques en dehors de la Chine pourraient rencontrer des difficultés. La concurrence féroce exercée par les industriels chinois, qui pratiquent des prix très bas grâce à des subventions et des surcapacités, exerce une pression déflationniste qui limite leur rentabilité.

Un avenir énergétique incertain

Face aux défis du marché du cuivre et à la montée en puissance de la Chine, l’équilibre entre accélération de la transition énergétique et protection des industries locales reste difficile à trouver. Le choix entre vitesse et souveraineté sera déterminant dans les prochaines années.

Pour en savoir plus sur les perspectives de la transition énergétique et les opportunités d’investissement qu’elle offre, découvrez l’intégralité de notre entretien avec Christian Parisot dans la vidéo en haut de cet article.

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