L’influence sociale : un piège pour votre portefeuille

Si l’influence sociale se limite pour vous à la comptabilisation du nombre d’interactions obtenues sur votre réseau social favori, le psychologue Solomon Asch, quant à lui, propose une autre perspective qui peut être résumée simplement par la phrase suivante :

Avoir des amis, c’est bien. Mais ne pas toujours les écouter, c’est encore mieux…

Et voici pourquoi.

En 1951, le psychologue Solomon Asch a conduit une expérience désormais célèbre sur la pression sociale, c’est-à-dire l’influence d’une majorité d’individus sur une minorité d’entre eux. On désigne communément cette relation asymétrique entre différents groupes comme du conformisme, voire même de la soumission dans certains cas. L’objectif de Solomon Asch était de valider l’hypothèse selon laquelle un changement de comportement ou de croyance peur résulter de la pression réelle ou imaginée d’une majorité à l’endroit d’un individu ou d’une minorité d’individus.

Il a alors demandé à des participants d’évaluer la longueur de lignes tracées sur des cartes. Comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessous, il y a une différence notable entre les 3 lignes, ce qui permet normalement à tout un chacun de correctement identifier la ligne dans l’image de droite dont la longueur correspond à la ligne sur l’image de gauche.

Parmi les participants, tous étaient complices de Solomon Asch. Enfin, tous sauf un. : celui qui devait donner la bonne réponse, alors même que tous les autres participants donnaient volontairement des réponses erronées, dans le but d’influencer la décision de ce participant solitaire. Résultat ? L’unique volontaire non-complice de l’expérience se conformait, dans une majorité des cas, à ces réponses manifestement incorrectes, car influencé par les réponses du groupe malgré ce que ses propres yeux lui indiquaient.

Cette expérience a permis de démontrer la puissance de l’influence sociale, qui peut nous conduire à des décisions irrationnelles. Ce phénomène porte plusieurs noms : on peut citer l’effet de mode ou encore l’effet Bandwagon (littéralement « sauter dans le train en marche »).

L’influence sociale peut ruiner vos investissements

Toutefois, l’effet Bandwagon ne se limite pas à la seule expérience de Solomon Asch. Dans le domaine de l’investissement, les investisseurs peuvent être influencés par des informations convergentes et momentanément relayées par une grande majorité de médias ou d’influenceurs, les poussant à suivre aveuglément une nouvelle valeur ou une nouvelle crypto à la mode. Leur achat, impulsif, n’est pas le fruit d’une réflexion féconde. Elle découle d’un conformisme dénué de lucidité. Ils se précipitent à l’achat parce que tout le monde le fait, sans prendre le temps d’évaluer les risques ni d’analyser les autres opportunités réelles.

Prenons un exemple concret : les actions de Zoom en 2020.

Au début de la pandémie, l’utilisation de Zoom a explosé avec la généralisation du télétravail. Résultat ? Une ruée massive sur ses actions, propulsant leur prix à des sommets en un temps record. Beaucoup d’investisseurs, motivés par la peur de manquer une opportunité (ou « FOMO », Fear Of Missing Out), se sont précipités pour acheter à des prix déjà très élevés. Quelques mois plus tard, quand la frénésie initiale s’est dissipée, la valeur de ces actions a chuté, laissant ces mêmes investisseurs face à des pertes significatives.

En avril 2022, le cours de l’action Zoom était revenu à ses niveaux d’avant COVID. Depuis 2023, l’action demeure dans un canal de prix très resserré, bien loin de son plus haut historique.

Apprenez à écouter la raison, pas la foule


Comme l’a montré Asch, notre instinct social nous pousse souvent à nous conformer au groupe, même contre notre propre intérêt. En matière d’investissement, céder à cet instinct peut s’avérer coûteux.

En d’autres termes, vos amis, vos proches – ou même les tendances du moment – peuvent avoir une influence démesurée sur vos décisions financières. Mais pour protéger votre portefeuille, il est crucial de développer une approche rationnelle et indépendante. Cherchez des faits, pas des échos. Analysez les fondamentaux permet d’anticiper des tendances à venir, ou des retournements de tendances actuelles.

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