Marc Touati, économiste à la tête du cabinet d’ACDEFI, analyse les défis majeurs des marchés financiers et pointe du doigt la situation inquiétante de la France et les incertitudes autour de la dette et de l’euro.
Selon Marc Touati, la France affiche une contraction de son activité économique, marquée par un indice PMI composite sous les 50 pour le deuxième mois consécutif. Avec une dette publique dépassant 3 200 milliards d’euros et une instabilité croissante, le pays inquiète les investisseurs. Dans cet entretien, découvrez pourquoi l’économie française l’inquiète, comment la volatilité pourrait offrir des opportunités, et quelles stratégies d’investissement privilégier face à la crise.
Marc Touati souligne les contrastes économiques mondiaux. Si des géants comme les États-Unis, l’Inde et la Chine affichent des croissances supérieures à 3 % selon les indices PMI, la France, elle, est en recul. Avec un indice PMI composite sous les 50, le pays entre officiellement en récession pour le deuxième mois consécutif.
Ce contraste met en évidence une faiblesse structurelle de l’économie française, aggravée par des choix politiques controversés. La dissolution récente de l’Assemblée nationale, par exemple, a renforcé l’incertitude, ce que les marchés n’apprécient guère. Les investisseurs restent prudents face à un contexte marqué par une baisse de confiance généralisée.
La dette publique française dépasse désormais les 3 200 milliards d’euros, soit environ 115 % du PIB. Mais le “hors-bilan”, incluant les engagements non comptabilisés comme les retraites des fonctionnaires, alourdit cette dette à plus de 6 700 milliards d’euros. Ce gouffre financier se creuse davantage avec l’augmentation des taux d’intérêt, ce qui rend son financement de plus en plus coûteux.
L’écart de taux entre la France et l’Allemagne, monté à 80 points de base récemment, est un indicateur de la méfiance des investisseurs. Une telle situation pourrait conduire la BCE à intervenir pour éviter une contagion à l’échelle européenne. Cependant, Marc Touati avertit : « Si l’euro est fragilisé, la BCE aura du mal à protéger la stabilité économique sans provoquer d’effets secondaires. »
La hausse des taux d’intérêt impacte directement les ménages et les entreprises. Les crédits immobiliers, par exemple, deviennent plus coûteux, tandis que les entreprises voient leurs marges réduites par des charges financières accrues. En parallèle, la pression fiscale, déjà à des niveaux record (avec des prélèvements obligatoires atteignant 48 % du PIB), pourrait encore augmenter.
Marc Touati met également en garde contre l’idée de ponctionner davantage l’épargne des Français pour combler les déficits. Selon lui, une telle mesure serait un “fusil à un coup”, risquant de provoquer une fuite des capitaux et d’accentuer l’instabilité sociale.
Dans ce contexte de volatilité, Marc Touati propose plusieurs pistes aux investisseurs :
– Diversifier ses investissements géographiquement : privilégier des devises comme le dollar ou le franc suisse et réduire l’exposition à l’euro.
– Investir dans des actifs refuges, comme l’or, qui a récemment atteint des sommets historiques à plus de 2 400 dollars l’once.
– Garder du cash sur des placements à vue rémunérés, tout en restant vigilant face à une possible fiscalité punitive.
– Éviter les dettes publiques européennes, particulièrement celles des pays en difficulté comme la France.
Malgré les incertitudes, la volatilité des marchés offre des opportunités. Marc Touati anticipe une fin d’année marquée par des fluctuations importantes, avec des phases de baisse brutales suivies de rebonds. Pour les investisseurs à long terme, la fin de l’année pourrait représenter une année de redressement, à condition de rester sélectif et patient.
L’instabilité en France, qui représente près de 20 % du PIB de la zone euro, pourrait avoir des répercussions mondiales. Les investisseurs étrangers pourraient réduire leur exposition à l’Europe, au profit des marchés américains ou asiatiques. Cette situation rappelle l’importance de réformes structurelles pour restaurer la confiance, tant au niveau national qu’européen.