Bourse : comprendre les secousses 

Bourse : de l’euphorie estivale à la tempête 

Après un mois d’août marqué par des performances éclatantes sur les places boursières, les premières semaines de septembre 2024 ont rappelé aux investisseurs la volatilité inhérente aux marchés financiers. Ce basculement rapide interroge : pourquoi les marchés ont-ils basculé si brutalement ? Si septembre est historiquement un mois complexe, cette année semble particulièrement instable. La dynamique haussière de l’été, portée par des facteurs macroéconomiques spécifiques, a cédé la place à des corrections marquées, alimentées par une montée des inquiétudes.


Un mois d’août exceptionnel pour les marchés

Les indices boursiers ont connu un rebond spectaculaire dès le 5 août, après une correction marquée en juillet. Entre le 5 et la fin du mois, la capitalisation du S&P 500 a bondi de 5 trillions de dollars, tandis que le Stoxx 600 a gagné près de 8%. Cette progression s’explique par plusieurs facteurs clés :
Des résultats d’entreprises globalement supérieurs aux attentes, malgré quelques ajustements prudents sur les perspectives.
Une anticipation de baisses des taux par la Fed et la BCE, renforcée par le discours de Jerome Powell à Jackson Hole.
Un climat macroéconomique stable, sans accident majeur aux États-Unis.
Ces éléments ont nourri l’optimisme des investisseurs, mais la fin du mois a révélé des signes de surchauffe avec des niveaux de valorisation élevés (PE à 17,8x hors banques et cycliques profondes).

Bourse : le retour des incertitudes

Historiquement, septembre est un mois difficile pour la bourse, et cette année ne fait pas exception. La première semaine a été marquée par des corrections violentes. Le Nasdaq perd 6%, soit le pire début de mois depuis plus de 50 ans et le Stoxx 600 se déleste de -3,5%.
Deux facteurs expliquent cette tension sur les marchés. Des niveaux de valorisation élevés, rendant le marché vulnérable aux mauvaises nouvelles et des doutes sur la solidité de l’économie américaine, notamment avec des révisions négatives des chiffres de l’emploi.
Le marché se retrouve donc coincé entre deux scénarios, celui d’une récession potentielle, qui fragiliserait les bénéfices des entreprises et celui d’une croissance résiliente, qui limiterait les baisses de taux anticipées par les investisseurs.

L’évolution de la courbe des taux : un signal à surveiller

Un autre indicateur inquiétant est la courbe des taux américaine, qui s’était inversée depuis juillet 2022. Cette inversion est traditionnellement un signal avancé de récession. Or, depuis septembre, la courbe s’est de nouveau pentifiée (taux 10 ans supérieur au 2 ans), un phénomène qui a précédé les dernières récessions.

La Chine peine à rassurer

L’espoir d’un redémarrage de l’économie chinoise reste fragile. La consommation demeure faible, et la production industrielle peine à accélérer. Bien que certains indicateurs comme l’ISM manufacturier montrent une légère amélioration, l’effet de relance attendu tarde à se matérialiser.

Un carry trade sous surveillance

Le carry trade USD/JPY a été un sujet de tension majeure cet été, avec un Yen tombant à 160 par dollar avant de remonter à 144-145. La Banque du Japon ayant annoncé une politique monétaire plus restrictive, un débouclage supplémentaire des positions pourrait renforcer la volatilité des marchés dans les mois à venir.

La France : un risque politique pour l’Europe ?

Le projet de loi de finances (PLF) sera un enjeu crucial dans un contexte de tensions politiques. Si la Commission européenne pourrait faire preuve de mansuétude, l’absence de majorité claire rend difficile toute réforme structurelle. Toutefois, les marchés n’ont pas encore sanctionné la France, comme l’indique la stabilité du spread OAT-Bund (à 70-72 bps).

Quels secteurs privilégier dans cet environnement incertain ?

Face à ces incertitudes, une stratégie de sélectivité s’impose à tous ceux qui investissent en bourse. Parmi les secteurs attractifs :
Technologie de l’information (Relx, Wolters Kluwer) : bénéficiaires de l’explosion des données et de la réglementation croissante.
Aéronautique (Airbus, Boeing) : forte demande structurelle malgré des difficultés à court terme.
Semi-conducteurs : année difficile en 2024 mais reprise attendue en 2025.
Distribution alimentaire et télécoms : valeurs défensives qui résistent mieux aux cycles.
Tabac et jeux : secteurs résilients en cas de ralentissement économique.

Écoutez l’interview complète pour approfondir ces analyses et découvrir les stratégies à adopter face à ce contexte de marché chahuté.

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