Banques centrales : catalyseurs d’une crise alimentaire ?

La gestion des liquidités mondiales par les banques centrales, en particulier par la FED, pourrait provoquer des bouleversements majeurs sur les prix alimentaires. Dans cette interview, Véronique Riches-Flores à la tête de Riches-Flores Research explique comment la politique monétaire, en maintenant un excès de liquidités, risque de déclencher une flambée des prix alimentaires et aggraver les déséquilibres économiques mondiaux.

FED : une surabondance de liquidités délétère ?

Depuis la crise sanitaire, les banques centrales ont inondé l’économie mondiale de liquidités. Selon Véronique Riches-Flores, la masse monétaire mondiale (M3) a augmenté de 20 % par rapport au PIB, un niveau historiquement élevé. Ce surplus de liquidités, initialement destiné à soutenir l’économie, reste aujourd’hui largement présent dans le système.
Malgré des hausses de taux d’intérêt et des efforts pour réduire leurs bilans, les banques centrales n’ont pas réussi à normaliser les conditions monétaires. Résultat : les marchés financiers bénéficient d’un soutien implicite, et la spéculation s’intensifie sur les marchés des matières premières.

Vers une inéluctable hausse du prix des matières premières ?

L’un des points marquants de l’analyse de Véronique Riches-Flores est la corrélation entre l’évolution des liquidités mondiales et les prix des matières premières. Un graphique révélateur montre que, sur un an, ces deux indicateurs suivent une trajectoire quasi identique. Cela s’explique par la nature spéculative des marchés des matières premières, très sensibles à l’excès de liquidités.
Les métaux industriels et d’autres matières premières ont connu une forte baisse après le pic lié à la guerre en Ukraine, en raison du ralentissement économique mondial et des difficultés de la Chine. Toutefois, les prix alimentaires restent une source majeure d’inquiétude.

Flambée des prix alimentaires : un risque structurel en hausse

Contrairement aux matières premières industrielles, les prix alimentaires ne sont pas revenus à leurs niveaux d’avant la crise du Covid-19. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance structurelle à la hausse. Pour l’expliquer, Véronique Riches-Flores pointe notamment du doigt les problèmes climatiques qui engendrent de faibles récoltes. Il est également question de la saturation des sols et des contraintes environnementales. L’économiste aborde également le sujet de la croissance démographique mondiale, augmentant la demande alimentaire.
Selon Véronique Riches-Flores, cette situation crée un terrain fertile pour la spéculation. Dès qu’une hausse des liquidités se manifeste, les prix alimentaires deviennent particulièrement vulnérables, augmentant ainsi le risque d’une crise venant frappée les plus fragiles.

La politique monétaire de la FED face à l’inflation alimentaire

Au printemps dernier, l’activité de la Réserve fédérale américaine (FED) ont suscité des inquiétudes. Alors que les marchés anticipaient une baisse des taux d’intérêt, la base monétaire américaine a connu une ré-accélération, en contradiction avec les objectifs de resserrement monétaire. Cette situation a failli provoquer une flambée des prix alimentaires.
Pour éviter une nouvelle vague inflationniste, principalement centrée sur l’alimentation, les banques centrales doivent rester vigilantes. Selon l’économiste, tant que les conditions de liquidité ne seront pas normalisées, tout assouplissement monétaire risque de raviver les tensions sur les prix des matières premières notamment alimentaires.

Quelles implications pour les investisseurs ?

Les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou professionnels, doivent surveiller de près l’évolution des liquidités mondiales et les décisions des banques centrales. Les marchés des matières premières, notamment alimentaires, représentent une zone de risque accrue, mais aussi des opportunités pour ceux capables d’anticiper les mouvements liés aux politiques monétaires des banques centrales que ce soit la FED ou encore la BCE.
La prudence reste de mise, car les politiques monétaires trop accommodantes pourraient rapidement déclencher une nouvelle vague d’inflation. Dans ce contexte, la diversification des portefeuilles, intégrant des actifs défensifs, est plus que jamais cruciale pour ne pas y laisser des plumes.

Découvrez tous les détails de cette analyse dans l’interview complète sur notre chaîne YouTube.

Retour en haut