
Adecco Group, basé en Suisse, est l’un des leaders mondiaux des services en ressources humaines, au coude à coude avec Randstad (Pays-Bas) et devant Manpower. Avec une part de marché de 4 %, Adecco est un acteur incontournable dans le domaine de l’intérim, du recrutement permanent, de la transition de carrière, du conseil, de la formation, et des solutions technologiques RH. En 2024, 77 % de ses revenus provenaient des services de placement (intérim et CDI), tandis que les services HR « à valeur ajoutée » (upskilling, consulting, RPO, etc.) ont représenté 23 % du chiffre d’affaires et 34 % du bénéfice brut.
Ça, c’est que vous dirait une IA si on lui demandait de vous faire un topo sur cette entreprise avant de passer les chiffres au crible. Et il est vrai qu’elle se défend, à tel point qu’il est difficile pour certains de savoir si c’est notre équipe ou ChatGPT qui a pris le temps de faire le job 😏. Mais en l’occurrence, ce sont encore des humains chez Synapses qui le font.
Et ce sont eux qui ont choisi de faire un SWOT sur Adecco Group cette semaine, et pas sur une autre boîte européenne.
Vers une nouvelle ère du travail hybride : Adecco et Salesforce réinventent la collaboration entre humains et IA
Et si l’IA n’était pas là pour remplacer l’humain… mais pour travailler avec lui ?
C’est le pari audacieux que font The Adecco Group et Salesforce, en lançant ensemble une nouvelle entreprise dédiée à l’intégration des agents IA dans l’organisation du travail. En clair : il s’agira de permettre aux entreprises de mieux organiser le travail en répartissant les tâches entre humains et agents IA, via des interfaces connues comme Salesforce ou Slack. Objectif : efficacité, supervision en temps réel, simulations d’emploi et anticipation des évolutions métiers. Aider les entreprises à mieux piloter leurs effectifs hybrides – faits d’humains et d’IA – en s’appuyant sur Agentforce, la plateforme d’IA autonome de Salesforce, et l’expertise RH mondiale d’Adecco.
La promesse est ambitieuse. Mettre en place des équipes mixtes où chacun – humain ou IA – joue son rôle avec efficacité. Un pari audacieux à contre-courant, dans un contexte où l’IA fascine autant qu’elle inquiète. Entre promesse de gain et peur du déclassement, Adecco prend une position claire : celle d’une collaboration augmentée.
Dans un monde du travail en pleine mutation, ce partenariat illustre parfaitement le virage qui s’opère : l’IA ne remplace pas les talents — elle les augmente. Et même mieux que cela : une hybridation est en marche.
L’enjeu ne sera plus qui fait quoi, mais comment mieux faire ensemble. Un engagement de qualité qui tranche avec les discours focalisés uniquement sur la productivité.
C’est pour toutes ces raisons – stratégiques, humaines, technologiques – qu’Adecco nous a particulièrement attiré cette semaine.
À présent, place aux chiffres !
Position de leader mondial du secteur, avec une part de marché de 4 %, surpassant Manpower (3 %).
Services RH (23 % du chiffre d’affaires en 2024 contre 15 % en 2020) de plus en plus diversifiés, ce qui renforce la résilience du groupe.
Performance boursière solide en 2025 : +22,1 % YTD, contre +3 % pour Randstad et +1 % pour le secteur support services. Le titre est donc privilégié par les acheteurs institutionnels.
Croissance des parts de marché dans de nombreuses régions (Europe du Nord, Pays germaniques (Allemagne, Autriche et Suisse), EEMENA (Europe de l’Est, Moyen-Orient et Afrique du Nord), Asie-Pacifique).
Exécution réussie de l’acquisition d’AKKA Technologies (2 Mds €) par la filiale IT d’Adecco, Modis, pour donner naissance à une nouvelle entité, Akkodis. Le rapprochement a contribué à la diversification technologique
Maîtrise des coûts : 174 M€ de réductions de frais généraux sur 2022-2024, au-dessus de l’objectif initial de 150 M€.
Endettement en réduction : suppression du dividende plancher permettant de libérer 260 M€ en 2025 et plus de 200 M€ en 2026 ; ratio d’endettement prévu à 2,8x EBITDA en 2026 (vs. 3,5x en 2024).
Forte exposition à la conjoncture économique mondiale : 74 % des revenus en 2024 sont liés à l’intérim, un secteur très cyclique.
Marge EBITA encore modeste : 3,2 % estimée en 2025 (hors exceptionnels), objectif de 6 % jugé ambitieux et difficilement atteignable à court terme.
Manque de visibilité sur certains projets stratégiques, notamment l’entité annoncée avec Salesforce pour les agents IA, dont la structure et les impacts financiers sont encore flous.
Reprise timide du marché du travail temporaire dès début 2025, notamment aux États-Unis et dans certaines régions.
Transition digitale accélérée, avec l’intégration de l’IA dans les services RH, offre des relais de croissance importants(ex : automatisation du recrutement, agents IA).
Croissance attendue du segment consulting et formation, stimulée par la nécessité d’upskilling/réskilling dans un monde post-COVID et en transition écologique.
Intégration stratégique des entités (ex. Pontoon dans GBU Adecco) créant des synergies commerciales et de meilleures marges.
Positionnement fort pour répondre aux enjeux ESG : Adecco peut jouer un rôle clé dans la réinsertion, la diversité et la transformation des compétences. Un atout si les gestions institutionnelles font toujours de l’ESG un critère fondamental de sélection ou d’exclusion.
Tensions géopolitiques et tarifaires, notamment aux États-Unis, susceptibles de ralentir la reprise du travail temporaire et d’impacter la croissance mondiale.
Volatilité des marchés financiers : bien que le momentum soit bon, les ajustements de valorisation peuvent rapidement renverser la dynamique.
Risques réglementaires accrus : notamment en matière de protection des travailleurs intérimaires, de fiscalité du travail et de régulation des plateformes RH.
Concurrence féroce : Randstad, Manpower et de nouveaux entrants numériques continuent à disrupter le modèle historique.
Défis environnementaux et sociétaux : les attentes croissantes en matière de durabilité et d’impact social poussent les entreprises RH à se transformer rapidement.
L’analyse d’Adecco Group met en lumière une entreprise en phase de stabilisation et de transformation, après une période marquée par des défis économiques et des ajustements stratégiques.
Sur le plan financier, Adecco affiche des signaux encourageants, avec une réduction de son endettement et une politique de dividendes ajustée pour renforcer la flexibilité financière. Toutefois, porter la marge EBITA à 6 % semble encore un peu ambitieux, la rentabilité restant en-deçà de celle de certains concurrents.
Les risques exogènes ne doivent pas être sous-estimés : incertitudes géopolitiques, pressions réglementaires sur le travail temporaire, attentes sociétales grandissantes en matière de diversité et de durabilité, ainsi que la montée en puissance d’acteurs numériques disruptifs.