Alstom : redressement durable ou simple rebond ?

Longtemps en difficulté, Alstom semble retrouver des couleurs en Bourse. Après une ascension impressionnante de 81,5 % sur un an, le titre attire à nouveau l’attention des investisseurs. Pourtant, sur cinq ans, il affiche toujours un repli de 52 %, preuve que le chemin du redressement est encore semé d’embûches.
Laurent Lamagnère d’Alphavalue décrypte les forces et faiblesses d’Alstom, son positionnement sur le marché ferroviaire mondial afin de donner une réponse aux investisseurs.

Un géant en mutation : retour sur l’histoire d’Alstom

Créée en 1928, Alstom a connu plusieurs transformations majeures, notamment la fusion avec General Electric Power Systems en 1989, puis sa réintroduction en Bourse en 1998. La société s’est recentrée progressivement sur les infrastructures ferroviaires, avec un tournant clé en 2014 lorsque sa division énergie a été cédée à General Electric pour 12,4 milliards d’euros.
L’acquisition de Bombardier Transport en 2021, pour 5,5 milliards d’euros, a été perçue comme une opportunité stratégique visant à consolider sa présence en Amérique du Nord. Cependant, cette opération a rapidement montré ses limites.

Une fusion problématique : les erreurs stratégiques d’Alstom

Le rachat de Bombardier s’est révélé bien plus complexe que prévu. Plusieurs contrats sous-margés ont été découverts, affectant lourdement la marge opérationnelle du groupe. Celle-ci est passée de plus de 7 % en 2019 à moins de 5 % en 2022, un niveau préoccupant.
Autre conséquence majeure : la dette d’Alstom a explosé. La société est passée d’une situation de dette nette négative à un endettement préoccupant, ce qui a fortement inquiété les marchés. Pour redresser la situation, une augmentation de capital en 2024 a permis d’assainir partiellement le bilan, mais la confiance des investisseurs reste fragile.

Alstom : quelles perspectives ?

Malgré ces défis, des signes positifs émergent. Le carnet de commandes du groupe atteint 95 milliards d’euros, soit l’équivalent de quatre à cinq années de chiffre d’affaires, démontrant un potentiel de croissance à long terme.
D’autres éléments plaident en faveur du groupe :
– Une demande croissante pour le ferroviaire, portée par la transition écologique et les besoins en modernisation des infrastructures.
– Une diversification des activités avec des services de maintenance et signalisation, apportant une stabilité financière.
– Un management en pleine mutation avec l’arrivée anciens cadres de Safran, apportant une expertise industrielle et financière de premier plan.

Une valorisation encore attractive ?

Alstom se négocie actuellement à moins de 11 fois les bénéfices estimés pour l’exercice en cours et moins de 10 fois pour l’exercice suivant. AlphaValue estime que le potentiel de hausse du titre pourrait atteindre 35 %, sous réserve d’une stabilisation de la rentabilité et d’une bonne exécution des nouveaux contrats.

Les principaux risques à surveiller

Si le redressement semble bien engagé, plusieurs risques persistent :
– Une sensibilité aux dépenses publiques, alors que de nombreux gouvernements cherchent à réduire leurs déficits.
– Une concurrence accrue, notamment face aux géants chinois comme CRRC ou aux acteurs établis comme Siemens.
– Un besoin important en fonds de roulement, qui pourrait peser sur les flux de trésorerie en cas de retard dans l’exécution des contrats.

Verdict : Alstom, une opportunité ou un mirage ?

Pour les investisseurs, Alstom représente une opportunité spéculative avec un potentiel de rebond, mais reste une valeur à surveiller de près. Son bilan assaini, l’évolution de son management et son positionnement stratégique dans un marché porteur sont des atouts. Toutefois, le défi de la rétablissement de la rentabilité et la gestion de son endettement seront déterminants dans l’appréciation future du titre.

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