Bourse : miser sur les actions européennes en 2025 ?

Les marchés financiers sont-ils en train de revoir leur copie ? Avec la réélection de Donald Trump, les investisseurs ont massivement privilégié les actions américaines, entraînant une surperformance notable du S&P 500 face à l’Euro Stoxx 50. Pourtant, certains acteurs du marché s’interrogent : l’écart de valorisation entre les États-Unis et l’Europe est-il trop marqué ? Faut-il revoir l’exposition aux actions européennes pour capter un éventuel effet de rattrapage ?
Pierre Sabatier, président fondateur du cabinet Primeview et président de l’Aurep, apporte son éclairage sur cette question stratégique.

Les marchés américains : une valorisation élevée mais justifiée

Aujourd’hui, le S&P 500 affiche des niveaux historiquement élevés, supérieurs à ceux observés en 1929 et proches des sommets de la bulle internet des années 2000. Mais Pierre Sabatier rappelle un point essentiel : une valorisation élevée n’est pas un indicateur de timing. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un marché est cher qu’il va nécessairement corriger immédiatement.
En revanche, une valorisation élevée implique que le marché a déjà intégré de nombreuses bonnes nouvelles. En cas de choc économique ou de ralentissement, la baisse pourrait être brutale. Mais pour l’instant, aucun catalyseur négatif majeur ne se profile à l’horizon.

Une prime justifiée pour les actions américaines ?

Si les actions américaines restent plus chères que les actions européennes, cette prime est en partie justifiée par une dynamique de croissance bénéficiaire bien plus robuste. Depuis plusieurs années, les bénéfices par action des entreprises américaines progressent nettement plus vite que ceux des entreprises européennes.
Ce phénomène s’explique notamment par une économie américaine plus dynamique, des conditions fiscales et réglementaires favorables, et la puissance des grands groupes technologiques. À ce titre, les “Magnificent Seven” (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla) captent l’essentiel de la croissance bénéficiaire. Ces groupes, qualifiés de trusts technophiles, bénéficient d’une trésorerie colossale leur permettant de dominer leurs marchés respectifs.
Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, les perspectives restent favorables pour ces géants. Une politique fiscale stable, couplée à une dérégulation potentielle, renforce leur positionnement, ce qui justifie la préférence stratégique pour les actions américaines dans les allocations d’actifs.

L’Europe : une décote apparente mais pas une opportunité systématique

Face aux États-Unis, les actions européennes affichent une décote notable. Mais cette décote est-elle réellement une opportunité ? Pierre Sabatier nuance cette vision en rappelant que, sur les 15 dernières années, l’Euro Stoxx 50 se traite globalement dans sa fourchette historique par rapport aux marchés américains.
Autrement dit, l’écart actuel n’est pas un signal évident d’achat, sauf si un catalyseur positif venait modifier la perception des investisseurs.
Cependant, certaines disparités géographiques et sectorielles offrent des opportunités spécifiques. En particulier :
Les actions françaises, pénalisées par leur forte exposition au luxe et aux incertitudes politiques, pourraient bénéficier d’un rattrapage en 2025.
L’économie chinoise, qui montre des signes de stabilisation, pourrait relancer la demande pour les entreprises du luxe, notamment LVMH, Hermès et Kering.
Les spreads de taux en France, qui avaient fortement augmenté en raison des craintes politiques, devraient progressivement se normaliser sous l’effet des interventions de la BCE.
Les actions suisses, souvent perçues comme défensives, apparaissent également en retard sur leurs pairs européens et pourraient bénéficier d’un retour des flux.

Bourse : faut-il rééquilibrer son portefeuille ?


Au final, Pierre Sabatier estime qu’il n’y a pas d’argument suffisant pour réduire significativement son exposition aux actions américaines au profit des actions européennes.
La valorisation élevée du marché américain n’est pas un signal de vente immédiat.
La croissance bénéficiaire reste largement favorable aux États-Unis.
Les grands groupes technophiles continueront à capter une part croissante des profits.
En revanche, une repondération sélective peut être envisagée en Europe, avec un accent particulier sur les actions françaises et suisses, qui présentent un potentiel de rattrapage en 2025.

Retrouvez tous les détails de cette analyse dans la vidéo complète en cliquant sur le lien ci-dessus.

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