Dette U.S. : une menace latente pour les marchés ?

La dette américaine va-t-elle bientôt poser problème ? Jusqu’à présent, la dette des États-Unis, qui avoisine les 34 000 milliards d’euros, soit 127 % du PIB, ne semblait pas vraiment susciter d’inquiétudes. En revanche, celle de la France, qui s’élève à 3 000 milliards d’euros et 111 % du PIB, fait couler beaucoup d’encre, tout comme celles de ses voisins européens. La différence réside dans l’attrait de la monnaie américaine auprès des investisseurs étrangers. Dans cette nouvelle interview réalisée par Synapses, Christian Parisot, président d’Altaïr Economics, analyse les conséquences potentielles du désengagement de la Chine vis-à-vis de la dette américaine.

La Chine réduit ses actifs en dollars : un signal inquiétant ?

Pendant des années, la Chine a massivement investi ses excédents commerciaux dans les obligations américaines, soutenant indirectement la croissance des États-Unis en maintenant des taux d’intérêt très bas. Cependant, les données récentes montrent une baisse significative des avoirs chinois en dette américaine, atteignant leur plus bas niveau depuis 2009.
Christian Parisot explique que ce retrait s’explique par des raisons géopolitiques et économiques. La Chine cherche à réduire sa dépendance au dollar, notamment dans un contexte de tensions croissantes avec les États-Unis. Elle diversifie désormais ses réserves de change, notamment par des achats d’or. Cependant, cette stratégie a ses limites, le marché de l’or étant trop restreint pour absorber des montants aussi importants.

Dette U.S. : un relais japonais qui pourrait vaciller

Face au retrait chinois, le Japon apparaît comme le nouvel acteur clé du financement de la dette américaine. Les assureurs japonais, attirés par des rendements bien supérieurs à ceux du marché domestique, ont massivement investi dans les obligations américaines.
Cependant, comme le souligne Christian Parisot, cette stratégie a un effet collatéral important : la dépréciation du Yen. En convertissant des yens en dollars, les investisseurs accentuent la faiblesse de leur devise nationale, ce qui renchérit les importations et réduit le pouvoir d’achat des ménages japonais.
Cette situation inquiète désormais la Banque du Japon (BoJ), qui pourrait être amenée à intervenir pour stabiliser le Yen. Une telle intervention passerait par des ventes de dollars, ce qui exercerait une pression sur les taux longs américains.

Un risque réel pour les taux américains

Christian Parisot insiste sur l’importance de surveiller ce phénomène. Si la Banque du Japon vend massivement des obligations américaines pour soutenir le Yen, cela pourrait provoquer une hausse significative des taux longs aux États-Unis.
Historiquement, les taux d’intérêt bas ont été un moteur de croissance pour l’économie américaine, permettant au Trésor d’emprunter à bon compte et aux ménages et entreprises de bénéficier de conditions de financement favorables. Une hausse des taux longs aurait des répercussions directes :

Pour l’économie américaine : Une augmentation des coûts d’emprunt freinerait l’investissement et la consommation.
Pour les marchés financiers : Des taux plus élevés remettent en question les valorisations actuelles, notamment pour les secteurs sensibles aux taux d’intérêt comme l’immobilier et la consommation durable.

Une transition vers un nouvel équilibre mondial ?

Christian Parisot observe également un changement de paradigme global. Pendant des décennies, les États-Unis ont financé leur dette grâce à l’épargne mondiale, notamment celle des pays asiatiques. Ce modèle semble s’éroder, obligeant Washington à offrir des rendements plus attractifs pour attirer les investisseurs.
Cela pourrait marquer une étape vers des taux d’intérêt durablement plus élevés, modifiant les dynamiques de croissance économique et d’allocation d’actifs à l’échelle mondiale.

Investisseurs : comment réagir ?

Pour les investisseurs, une hausse des taux longs pourrait bouleverser les arbitrages entre obligations et actions, tout en augmentant la volatilité sur les marchés. Les stratégies devront s’adapter à ces nouvelles conditions, en intégrant le risque de tensions sur la dette américaine et les devises.

Pour une analyse complète et des perspectives éclairantes, découvrez l’interview complète de Christian Parisot en haut de cet article

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