États-Unis : un géant aux pieds d’argile ?

Les États-Unis continuent d’afficher une croissance économique résiliente, mais pour combien de temps encore ? Derrière des chiffres rassurants, des tensions se font jour : emploi intérimaire en baisse, intentions d’embauche en berne, pression sur l’immobilier… La mécanique de la politique monétaire américaine (FED) pourrait précipiter un ralentissement bien plus marqué que prévu. Pierre Sabatier, président de Primeview, décrypte les signaux avant-coureurs d’une possible crise économique et les leviers qui pourraient inverser la tendance.

L’ombre d’un cycle classique en action

Selon Pierre Sabatier, les U.S. sont entrés dans une phase classique de contraction économique. La politique monétaire rigoriste de la FED, conçue pour maîtriser l’inflation, a réduit la disponibilité du crédit, pilier central de la consommation et de l’investissement. Si cette mécanique visait à ralentir l’économie pour contenir la hausse des prix, elle commence à montrer ses effets.
Un indicateur particulièrement révélateur est celui de l’emploi intérimaire, souvent considéré comme une variable d’ajustement par les entreprises. En forte détérioration, il témoigne d’un début de réduction d’activité dans de nombreux secteurs. Ce phénomène, combiné à une diminution des intentions d’embauche des petites entreprises, souligne que la dynamique économique commence à basculer.

L’immobilier aux États-Unis : un catalyseur de tensions

Le secteur immobilier illustre parfaitement l’impact des hausses de taux sur l’économie américaine. Dans le résidentiel, les volumes de transactions se sont effondrés, conséquence directe de l’augmentation des taux hypothécaires, passés de 2 % à plus de 7 %. Bien que les prix se maintiennent pour le moment, cette stagnation cache un marché paralysé par l’absence de solvabilité des ménages.
Dans l’immobilier commercial, la situation est encore plus préoccupante. Avec des baisses de prix pouvant atteindre 45 %, les pertes s’accumulent pour de nombreux investisseurs, notamment ceux financés à taux variable. Pierre Sabatier met en garde contre un risque de contagion, amplifié par la présence d’acteurs non régulés qui pourraient être contraints de liquider des actifs, amplifiant ainsi la crise.

La tectonique des plaques

Pierre Sabatier utilise la métaphore de la “tectonique des plaques” pour décrire l’état actuel de l’économie américaine : des forces opposées s’accumulent jusqu’à une rupture brutale. La Réserve fédérale, après avoir poussé à un ralentissement, devra bientôt changer de cap pour éviter un emballement négatif. Mais ce virage nécessitera du temps pour produire ses effets.
En attendant, les signaux d’alerte se multiplient. Le taux de chômage commence à remonter, et son dépassement de la moyenne mobile à trois ans pourrait indiquer une accélération imminente de cette hausse. Si cette dynamique se confirme, elle entraînera une pression à la baisse sur les salaires, compromettant encore davantage la solvabilité des ménages et, par extension, la croissance économique.

Quelle réponse attendre de la Réserve fédérale ?

Face à ce contexte, Pierre Sabatier anticipe une réaction inévitable de la Banque centrale américaine. Une baisse des taux directeurs pourrait intervenir dès 2024, avec l’objectif de réinjecter du carburant dans l’économie pour éviter une récession prolongée. Toutefois, ces mesures prendront du temps à produire des effets concrets, et le risque d’un ralentissement marqué au second semestre 2024 reste élevé.

Quelles implications pour les investisseurs ?

En matière d’allocation d’actifs, la prudence est de mise. Pierre Sabatier recommande de réduire l’exposition aux actions U.S., particulièrement celles des secteurs cycliques et sensibles au ralentissement économique, comme l’immobilier commercial ou les obligations à haut rendement plus sensibles aux risques conjoncturels.
À l’inverse, il préconise de privilégier les actifs défensifs : obligations souveraines à longue durée, obligations d’entreprises bien notées, et secteurs peu sensibles aux cycles, comme la santé ou l’agroalimentaire.

Un avenir incertain, mais des opportunités à saisir

Si les États-Unis semblent au bord d’un tournant économique majeur, Pierre Sabatier rappelle que chaque crise porte en elle des opportunités. Pour les investisseurs, il s’agit de naviguer avec discernement, en sélectionnant avec soin les actifs à conserver ou à renforcer. La clé réside dans une lecture attentive des signaux macroéconomiques et une anticipation des prochaines actions de la Réserve fédérale.
Dans ce contexte de “tectonique des plaques”, le rôle des décideurs sera crucial pour atténuer les chocs et amorcer une reprise durable. Une chose est sûre : les mois à venir seront déterminants pour l’avenir économique des États-Unis et des marchés financiers mondiaux.

Découvrez l’intégralité de cette vidéo en cliquant sur la vidéo en haut de cet article.

Retour en haut