Jacques Lemoisson, fondateur de Gate Capital Management, analyse les risques actuels que tout investisseur devrait inclure dans ses stratégies d’investissements : tensions sur la dette française, instabilité liée au Japon et gestion actif-passif des grands investisseurs. Quels enseignements pour protéger et optimiser son épargne investies en bourse ?
L’Europe traverse une période de forte instabilité politique. La France, notamment, fait face à des scénarios potentiellement déstabilisants, comme un Parlement ingouvernable ou une dissolution. Ces incertitudes ont déjà affecté les marchés obligataires, avec une hausse notable du spread OAT/Bund.
Pour Jacques Lemoisson, ce climat d’incertitude appelle à la prudence. Les investisseurs en bourse devraient réduire leur exposition aux actifs français et chercher des opportunités en Europe hors zone euro, comme en Suisse, en Suède ou au Danemark. Ces marchés offrent la possibilité d’investir dans des entreprises de qualité tout en constituant un refuge potentiel face à d’éventuelles pressions sur l’euro.
La gestion actif-passif (ALM) a poussé de nombreux grands investisseurs, comme les fonds de pension et les assureurs, à surinvestir dans des obligations de longue duration. Cette stratégie, bien que techniquement rationnelle, expose à des pertes importantes en cas de hausse des taux ou de volatilité obligataire.
En raison de ces pertes latentes, les gestionnaires de risque pourraient imposer des arbitrages, provoquant des ventes massives d’actifs, y compris des actions cotées en bourse. Ce risque, souvent sous-estimé, est d’autant plus préoccupant que les obligations ont été perçues comme un refuge, alors qu’elles s’avèrent aujourd’hui particulièrement vulnérables.
Le Japon, par sa politique monétaire ultra-accommodante, est un acteur clé du financement global, notamment via le carry trade. La dépréciation historique du Yen (au plus bas depuis 1986) et les premières ventes massives d’actifs étrangers par des banques japonaises, comme Norinchukin Bank, signalent un potentiel retournement.
Si le Japon commence à normaliser sa politique monétaire, les investisseurs japonais pourraient rapatrier leurs capitaux, réduisant leur exposition à la dette américaine et européenne. Une telle dynamique pourrait entraîner des tensions sur les marchés obligataires mondiaux, accentuées par des besoins de financement croissants des États.
Jacques Lemoisson dresse les solutions pour adapter sa stratégie d’investissement à l’environnement actuel. Il suggère à cet effet de :
Favoriser la diversification géographique
Réduire son exposition à l’euro et aux actifs français, tout en recherchant des opportunités dans des marchés européens hors zone euro, comme la Suisse ou encore les pays nordiques.
Privilégier des actions de qualité
Investir dans des entreprises cotées solides, peu endettées, avec une forte exposition internationale. Ces entreprises sont mieux armées pour résister aux chocs économiques et financiers.
Surveiller les indicateurs clés
Le Yen, par exemple, est un baromètre important pour les marchés financiers. Une remontée rapide de la monnaie japonaise pourrait signaler des changements structurels majeurs, avec des implications pour les dettes européennes et américaines.
Utiliser tous les outils à disposition
Pour les investisseurs avertis, des stratégies comme les ETF short peuvent permettre de se protéger contre des baisses potentielles.
La période actuelle impose une vigilance accrue et une gestion active des risques. Les investisseurs doivent se concentrer sur des actifs qu’ils comprennent et maintenir une flexibilité pour ajuster leur portefeuille rapidement en fonction des évolutions.
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