Bourse : élections américaines, tensions sur les taux et perspectives sectorielles

Pierre-Yves Gauthier, fondateur d’AlphaValue, revient sur les dernières évolutions des marchés financiers. Entre la hausse des taux d’intérêt, les tensions géopolitiques, et les incertitudes économiques liées aux élections américaines, cette analyse détaille les dynamiques boursières sectorielles, les risques à surveiller et les stratégies à adopter pour ses investissements en bourse.

La montée de la volatilité et le recul des indices

Les bourses ont connu une semaine agitée, marquée par une baisse de 1,5 % des indices européens et américains. Ce recul illustre un basculement des investisseurs vers une réduction du risque, ou « risk-off », dans un contexte d’incertitude croissante. Cette tendance s’est accompagnée d’une augmentation notable de la volatilité, l’indice VIX atteignant près de 22 %, après une hausse de 7,6 %.
Parallèlement, les taux d’intérêt à 10 ans aux États-Unis ont progressé pour atteindre 4,3 %, traduisant une économie robuste mais accompagnée de perspectives inflationnistes élevées. En Europe, une tendance similaire a été observée avec la hausse des taux sur le Bund allemand et l’OAT française, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur les marchés actions.

Banques et matériaux de construction : des secteurs en résilience

Malgré un contexte difficile, certains secteurs ont montré une résilience notable en bourse. Les banques, par exemple, continuent de bénéficier de marges d’intérêt élevées et de publications financières positives. À Paris, la Société Générale illustre bien cette tendance, affichant des performances qui rassurent les investisseurs. Par ailleurs, le secteur des matériaux de construction maintient une dynamique favorable, porté par la demande américaine et les opportunités liées aux catastrophes climatiques, qui stimulent des besoins de reconstruction et de modernisation des infrastructures.

Semi-conducteurs et services informatiques : des difficultés persistantes

En contraste, d’autres secteurs peinent à convaincre les investisseurs en bourse. Les semi-conducteurs continuent de subir les effets des tensions commerciales entre l’Occident et la Chine, ce qui freine leurs perspectives de croissance. Les services informatiques, quant à eux, font face à une correction importante, révélant une surestimation des capacités des entreprises européennes à capitaliser sur l’intelligence artificielle. Ce retour à la réalité fragilise leur position sur les marchés.

Valorisations : une question clé dans un contexte d’érosion

La question des valorisations reste centrale dans l’analyse des marchés boursiers. Selon les calculs d’AlphaValue, le PER moyen des grandes entreprises européennes s’établit à 14,6 pour 2024. Cependant, lorsque l’on exclut les secteurs cycliques tels que les bancaires, les minières et les pétrolières, ce chiffre grimpe à 18,1, suggérant que le marché est relativement cher dans un contexte de croissance des bénéfices en nette diminution.
Depuis le début de l’année, les révisions des prévisions de croissance des bénéfices ont chuté de 7 % à 3 %, avec des publications trimestrielles marquant une nette dégradation. Aujourd’hui, seulement 50 % des entreprises répondent aux attentes, contre 80 % lors du trimestre précédent, confirmant un changement de paradigme sur les marchés.

Bourse : incidences des élections américaines

Les prochaines élections présidentielles aux États-Unis introduisent un niveau d’incertitude supplémentaire. La polarisation extrême de l’électorat pourrait conduire à des contestations du scrutin, allongeant la période de latence avant d’identifier un vainqueur officiel. Malgré ces risques, les marchés financiers semblent minimiser l’impact de cette incertitude, portés par le souvenir d’une période favorable sous Donald Trump.
La dette publique américaine, qui atteint désormais 35,5 trillions de dollars, constitue toutefois un enjeu majeur. Les projections montrent une augmentation potentielle de 4 à 7,75 trillions de dollars selon les programmes économiques des candidats, soulevant des interrogations sur la soutenabilité de cette trajectoire.

Ralentissement chinois et conséquences pour les actions européennes

La croissance chinoise, bien qu’officiellement évaluée à 5 %, affiche des signes de faiblesse qui pèsent lourdement sur les entreprises européennes exposées à ce marché. Des acteurs tels que Diageo ou Carl Zeiss Meditec enregistrent des baisses significatives de leurs revenus, mettant en lumière une vulnérabilité accrue dans un contexte d’économie chinoise ralentie.

Bourse : pour une approche prudente

Dans ce contexte, adopter une stratégie d’investissement prudente semble essentielle. Les secteurs dits défensifs, tels que les télécommunications et les banques, offrent une certaine stabilité grâce à des dividendes attractifs. En revanche, les secteurs plus spéculatifs, comme les logiciels ou les projets liés à l’IA, demandent une vigilance accrue.
Enfin, bien que le secteur pharmaceutique reste attractif, les incertitudes liées aux médicaments anti-obésité soulèvent des questions sur la durabilité de certaines valorisations.

Pour une analyse détaillée et des stratégies d’allocation, visionnez ici l’entretien complet avec Pierre-Yves Gauthier.
 

Retour en haut