Christian Parisot, président d’Altaïr Economics, décrypte pour Synapses les implications de la réélection de Donald Trump pour les marchés financiers. Entre dérégulation, baisse d’impôts et protectionnisme, quels seront les effets de cette politique sur la bourse américaine et les marchés mondiaux ? Voici les principaux enseignements à retenir pour vos stratégies d’investissement.
L’administration Trump promet une réduction drastique des impôts sur les sociétés et les ménages, ainsi qu’une simplification réglementaire. Objectif : attirer les capitaux mondiaux et renforcer la compétitivité des entreprises américaines. Ces mesures, couplées à des droits de douane élevés pour protéger les industries locales, visent à stimuler l’investissement domestique.
La volonté de Donald Trump d’augmenter la production de pétrole et de gaz américains devrait maintenir des prix énergétiques bas, favorisant les secteurs industriels et manufacturiers. Une stratégie qui renforce l’attrait des États-Unis pour les entreprises étrangères fortement consommatrices d’énergie, ce qui devrait s’avérer un soutien à la croissance américaine et avoir une incidence favorable à terme pour la bourse américaine.
Si l’instauration de droits de douane élevés sur les importations du reste du monde peut provoquer une hausse des prix et par conséquent une résurgence de l’inflation, Christian Parisot nuance ce risque. L’administration Trump cherchera, au delà des effets d’annonce à éviter de créer des tensions inflationnistes trop fortes, qui affecteraient directement le pouvoir d’achat de sa base électorale.
Pour compenser les baisses d’impôts, l’administration prévoit de réduire drastiquement les dépenses fédérales, sous la houlette d’Elon Musk et Vivek Ramaswany. Bien que ce soit une mesure nécessaire pour contenir le déficit budgétaire, cela pourrait avoir un effet récessif à court terme, notamment sur la consommation et l’emploi.
Les mesures pro-business et la politique monétaire accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed) créent un environnement idéal pour les actions américaines. Le Russell 2000, indice des petites et moyennes valeurs, pourrait particulièrement bénéficier de cette dynamique.
Avec un soutien implicite de l’administration pour des acteurs comme Elon Musk et les grands groupes technologiques, les secteurs de l’innovation et de la technologie devraient continuer de prospérer.
Le principal risque pour Wall Street réside dans une hausse rapide des taux longs américains. Une « pentification » excessive de la courbe des taux pourrait augmenter le coût de la dette et freiner l’investissement. Christian Parisot appelle à surveiller de près le 10 ans américain, qui se situe actuellement à 4,3 %.
Le différend latent entre Donald Trump et Jerome Powell, président de la Fed, pourrait accentuer la volatilité des actifs financiers en général et de la bourse en aprticulier. La dépendance des États-Unis à l’épargne mondiale pour financer leur dette rend cette situation particulièrement délicate.
Surpondérer les actions américaines, qu’il s’agisse des petites et moyennes capitalisations, ainsi que les acteurs des secteurs technologiques, apparait comme un choix stratégiques assez évident dans ce contexte. En revanche, selon Christian Parisot, mieux vaut éviter les obligations américaines à long terme , le risque d’une hausse rapide des taux d’intérêt rendant les obligations moins attractives. Enfin, les investisseurs doivent se préparer à la volatilité de la bourse et des marchés de taux. Les tensions entre l’administration Trump et la Fed pourraient déclencher des mouvements brusques sur les marchés financiers.