Le mythe des 8% de rendement/an

Quand on s’intéresse pour la première fois au marché des actions, il est difficile d’estimer quelle performance moyenne viser. 5 % de rendement par an ? 10 % ? Pourquoi pas 20 %, après tout ! Mais rapidement, au fil des lectures et des discussions avec des investisseurs plus expérimentés, un chiffre revient régulièrement : 8 %.
 
Le fameux 8%/an.
 
Ce taux a plusieurs attraits : avec un rendement annuel de 8 %, on double son capital en environ 9 à 10 ans, c’est un chiffre simple, précis, mémorisable et il paraît crédible. 20 %, cela évoque le casino. Moins de 8 %, et l’espérance de gain paraît trop faible pour justifier le risque pris. Ce 8 % devient ainsi une référence mentale. Mais en réalité, ce chiffre est fondé… sur un mythe collectif.
 
En 1996, Elton, Gruber et Blake publient une étude intitulée Survivorship Bias and Mutual Fund Performance.
 
Leur objectif : montrer à quel point les investisseurs surestiment les performances des fonds communs de placement.
 
Les chercheurs ont interrogé des investisseurs pour connaître leurs attentes de rendement et voir comment ils se situaient par rapport à une sorte de standard du marché. Résultat : la plupart se fondaient uniquement sur les performances des fonds encore existants, sans tenir compte de ceux qui avaient disparu. Les performances passées, biaisées par la sélection naturelle des fonds “survivants“, influençaient leurs anticipations futures.
 
C’est ce qu’on appelle le biais du survivant : ignorer les résultats de tous les fonds qui n’existent plus (parce qu’ils ont fait faillite, ont été fusionnés ou dissous) et se focaliser uniquement sur les survivants — souvent les plus performants.
 
C’est par cette approximation légèrement douteuse que le 8%/an a commencé à germer dans l’esprit de nombreux investisseurs. Les communications marketing des gérants de fonds aidant, bien sûr, ainsi que la performance moyenne du S&P 500 sur les dernières décennies.
 
Mais est-ce si grave que de se tromper sur ce rendement moyen théorique de 8%/ an ?
 
Après tout, les écarts ne doivent pas être si énormes, non ?
 
Justement, Elton et ses collègues ont analysé plusieurs décennies de performances de fonds américains. Ils ont comparé deux groupes :
 
Les fonds encore en activité au moment de l’étude.
Tous les fonds, y compris ceux ayant disparu.
 
En calculant la performance moyenne annuelle des deux groupes, ils ont mis en évidence un écart d’au moins 0,95 % par an. Un chiffre qui peut sembler modeste, mais dont l’impact est colossal sur le long terme, avec la logique des intérêts composés.
 
Par exemple, un investissement de 10 000 € à 8 % par an donne environ 46 610 € au bout de 20 ans. À 7 %, on atteint seulement 38 697 €.
Soit près de 8 000 € de différence !
 
Autrement dit, en ne tenant compte que des survivants, on se forge une image faussement optimiste de ce qu’on peut attendre de la bourse.
Et ce n’est qu’un aspect du problème. Au-delà du biais du survivant, il faut aussi s’interroger sur la période d’analyse choisie, le marché étudié (américain ? européen ? émergent ?), ou encore le type d’actifs concernés.
 
La croyance selon laquelle « la bourse rapporte 8 % par an » est donc fallacieuse. Elle peut induire les investisseurs en erreur, en leur faisant croire que ce rendement est garanti ou systématique, qu’il est un objectif minimum à viser – et à atteindre. Cela peut les empêcher d’ajuster leur stratégie, de diversifier suffisamment, ou de prendre des décisions au bon moment.
 
C’est justement pour éviter ces pièges que nous proposons à nos clients des sélections dynamiques et rigoureuses : nous cherchons la performance là où elle se trouve, à tout moment, et sur tous les marchés — européens comme américains — pour construire des portefeuilles robustes et adaptés à leurs objectifs.

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