Investissement : quelles stratégies face au retour du protectionnisme ?

Alors que les marchés sont secoués par les revirements politiques américains, Pierre Sabatier décrypte pour Synapses les bouleversements en cours. Réindustrialisation, montée des primes de risque, politiques monétaires en suspens : il livre sa lecture stratégique d’un monde où les règles du jeu économique sont en pleine réécriture. Pour les épargnants et leurs investissements, l’heure est à la prudence, à la sélection des actifs du cœur et à une veille active sur les signaux de rupture durable.

Cet entretien a eu lieu le 18 avril 2025

Vincent Bezault : Les marchés traversent une phase de grande incertitude, marquée par une forte volatilité. Un léger apaisement semble se dessiner ces derniers jours, en partie grâce à quelques rétropédalages de l’administration américaine. Notre objectif aujourd’hui : dépasser le bruit ambiant pour mieux comprendre les enjeux de cette situation et identifier les bons comportements à adopter sur les marchés. Pour cela, nous recevons Pierre Sabatier, président du cabinet d’analyse économique et financière PrimeView et de l’AUREP.

Pierre, les récentes déclarations de Donald Trump, début avril, donnent l’impression d’une réécriture en temps réel des règles du commerce mondial — et même, dans une certaine mesure, de la géopolitique. Peut-il réellement aller aussi loin ? La question se pose, à mesure que les conséquences potentielles de ses droits de douane deviennent plus claires, tout comme les signaux de recul envoyés par son administration. Sommes-nous face à une transformation structurelle ou à une simple agitation politique sans grand impact de fond ?

Vers une reconfiguration mondiale des échanges : la fin de la mondialisation heureuse ?

Pierre Sabatier : Ce serait une erreur de croire que rien n’a changé. Nous l’avions déjà évoqué ensemble : la rupture actuelle s’inscrit dans une dynamique structurelle entamée depuis plusieurs années. La réponse est claire : oui, les règles du jeu sont en train de changer.

Mais ce tournant ne date pas d’hier. Le processus de recontinentalisation des échanges a commencé il y a près de dix ans. Républicains comme démocrates ont porté une même ambition : remettre en question le fonctionnement d’un commerce international qui s’était fortement accéléré avec l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001.

Depuis le milieu des années 2010, tous les grands think tanks américains, quel que soit leur bord politique, considèrent que les échanges commerciaux sont désormais une question de sécurité nationale. Et l’adversaire désigné, dans cette course à l’hégémonie mondiale, c’est la Chine.

Nous assistons donc à une tendance de fond, ponctuée de reculs tactiques mais globalement irréversible, qui vient de franchir une nouvelle étape avec Donald Trump. Son discours n’a rien de surprenant : il est en cohérence avec sa posture de longue date.

Croissance mondiale et compétitivité : comment évoluent les rapports de force ?

Le basculement actuel marque la fin d’une ère de libre-échange généralisé, où chacun avait intérêt à maintenir des flux ouverts. Ce paradigme est désormais remis en question. La recontinentalisation s’impose, qu’elle soit choisie ou subie.

La vraie interrogation porte sur son échelle : s’agit-il d’un recentrage continental, régional, ou carrément national ? Chez PrimeView, cela fait presque dix ans que nous défendons cette thèse, en nous appuyant sur une transformation majeure : la baisse tendancielle du taux de croissance potentiel mondial.

Autrefois, l’économie mondiale était en forte expansion. Le gâteau à partager grossissait, incitant naturellement les acteurs à s’ouvrir les uns aux autres. Aujourd’hui, cette dynamique s’essouffle. Le gâteau n’augmente plus aussi vite, et la réaction logique est de protéger davantage ses intérêts propres.

C’est ce que font les États-Unis. Pragmatiques, ils ont profité de l’ouverture tant qu’elle leur était favorable — notamment pour importer de la déflation et stimuler le pouvoir d’achat des ménages. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : ils adaptent leur stratégie en conséquence.

Quelle est la véritable menace pour les entreprises aujourd’hui ?

Vincent Bezault : La question de l’emploi reste centrale. On sent bien que quelque chose est en train de se casser, que le changement est brutal. Mais est-ce que les rétropédalages récents suffiront à atténuer l’impact ou est-on déjà engagé dans une phase de “casse” structurelle ? L’abaissement de la croissance potentielle est un point, mais les entreprises pourraient subir des conséquences beaucoup plus tangibles. L’incertitude, dans cette phase transitoire, semble être le risque numéro un.

Pierre Sabatier : C’est précisément là que réside le danger. Quand les règles changent radicalement, personne — même les meilleurs analystes — n’est en mesure d’évaluer leur impact immédiat. Qui seront les gagnants ? Qui seront les perdants ? Dans ce flou, les investisseurs se retirent. Résultat : les entreprises auparavant plébiscitées pour leur rentabilité et leur stabilité voient leur attractivité chuter.

C’est ce que l’on appelle une prime de risque politique. Elle surgit non pas quand un dirigeant tient un discours radical, mais quand ce discours se traduit par des mesures concrètes, remettant en cause les piliers du succès économique passé.

La prime de risque politique : le signal fort envoyé aux marchés

Cette prime de risque n’apparaît pas au moment de l’élection d’un dirigeant au discours clivant. Elle se manifeste lorsque ce discours se transforme en décisions concrètes, capables de bouleverser l’ordre économique établi. Et les marchés l’ont immédiatement intégré : à l’annonce d’un changement brutal des règles du jeu, les principales places boursières ont toutes décroché — -18 % aux États-Unis, -15 % en Europe, -20 % en Asie — avant de rebondir dans des proportions similaires.

Ce réflexe collectif traduit un phénomène clair : en l’absence de visibilité sur les futurs gagnants du système, les investisseurs réduisent leur exposition. Ils adoptent une posture prudente, signe tangible de cette fameuse prime de risque politique.

Investir dans un monde aux règles mouvantes

Le risque perçu aujourd’hui est plus élevé qu’hier, précisément parce que les repères ont changé. Lorsqu’on investit en actions, on devient copropriétaire d’une entreprise, non pas pour ce qu’elle a accompli, mais parce qu’on estime qu’elle créera davantage de valeur à l’avenir. Mais cette logique repose sur une stabilité relative des règles du jeu.

Or, dans le contexte actuel, cette stabilité est remise en question. L’économie mondiale est dominée par une macroéconomie incertaine, qui l’emporte sur les fondamentaux microéconomiques. Même les entreprises les plus solides ne sont plus à l’abri.

États-Unis – Chine : une rivalité qui façonne le monde

Les marchés actions sont aujourd’hui essentiellement composés de grandes entreprises internationales. Ce sont elles qui sont directement concernées par la redéfinition des flux commerciaux. Et tant que la confrontation entre les États-Unis et la Chine reste vive et indécise, les investisseurs privilégieront les actifs refuges, les « actifs du cœur », au détriment des actifs risqués.

Cette situation illustre un phénomène bien connu : plus l’incertitude est grande, plus les exigences de rentabilité augmentent. C’est le cœur même de la prime de risque politique.

Peut-on encore « acheter la baisse » ?

Vincent Bezault : Le réflexe « Buy the Dip » — acheter sur repli — a longtemps prévalu. Est-ce toujours pertinent ? Ou, au contraire, faut-il s’abstenir tant que les incertitudes actuelles perdurent ?

Pierre Sabatier : Tout dépend de votre horizon. Pour un trader, il est toujours possible de profiter de rebonds techniques après une forte baisse. Historiquement, même en marché baissier, des rebonds de l’ordre de 10 % sont fréquents. Mais cela ne valide pas pour autant une reprise durable.

La question n’est pas de savoir s’il faut acheter ponctuellement, mais s’il faut revenir durablement sur les marchés actions. Et pour l’instant, la réponse est non. Car tant que nous n’avons pas de lisibilité sur les règles du jeu — et donc sur les futurs gagnants —, l’environnement reste trop risqué.

Le vrai visage du projet Trump

La posture de Donald Trump n’est ni nouvelle, ni opportuniste. Elle est cohérente avec son discours depuis trente ans. Il se revendique du président William McKinley, partisan d’un protectionnisme affirmé à la fin du XIXe siècle, et acteur d’une politique impérialiste assumée. Ce n’est pas anodin.

Trump incarne une volonté de rupture avec le consensus économique des dernières décennies. Il souhaite redessiner les règles du commerce mondial dans un sens favorable aux intérêts américains. Cela suppose des chocs, des tensions, et une remise en cause des équilibres établis.

Et tant que cette vision s’impose, elle continuera d’alimenter une prime de risque élevée sur les marchés.

Le rôle crucial des banques centrales (FED)

Mais les marchés ne sont pas façonnés uniquement par les politiques budgétaires. Les banques centrales détiennent un pouvoir déterminant : celui de battre monnaie. Et aujourd’hui, c’est leur attitude qui sera décisive.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale est confrontée à un dilemme : accompagner la transformation voulue par le pouvoir politique, ou risquer de précipiter une récession en maintenant une politique monétaire trop stricte. L’histoire montre que la Fed finit souvent par s’aligner. Mais cela reste à confirmer.

Car une chose est sûre : sans un soutien monétaire adéquat, le ralentissement économique pourrait devenir sévère. Et dans ce cas, les effets du changement de paradigme impulsé par Trump seraient d’autant plus brutaux.

Frictions entre la Fed et la Maison-Blanche : un facteur de volatilité

Vincent Bezault : Ce que vous dites, Pierre, c’est qu’on observe aujourd’hui une certaine friction entre la Maison-Blanche et la Réserve fédérale. Elles ne semblent pas totalement alignées, ce qui pourrait provoquer un regain de volatilité sur les marchés.

Pierre Sabatier : Effectivement. Jerome Powell a récemment tenu des propos très prudents, se positionnant entre les risques d’inflation et ceux de récession. Il a déclaré, en substance : “La situation est incertaine. Pour l’instant, je ne fais rien, car je crains que le risque inflationniste l’emporte sur le risque de récession.” Résultat : la posture reste résolument restrictive, avec des taux directeurs à 4 %.

Aujourd’hui, le véritable poids sur l’économie américaine n’est pas tant les changements impulsés par Donald Trump que le niveau élevé des taux d’intérêt. À 4 %, l’économie ralentit ; maintenus trop longtemps, ces taux peuvent provoquer un arrêt brutal — autrement dit, une récession.

U.S. : Le risque de récession se précise

Vincent Bezault : Faut-il en déduire que le risque de récession est désormais bien réel aux États-Unis ?

Pierre Sabatier : Absolument. Si la banque centrale ne s’ajuste pas face au ralentissement économique, en grande partie causé par sa propre politique, alors oui, une récession devient de plus en plus probable.

Certes, les discours restent prudents. Mais les actes parlent : la Fed a annoncé un tournant dans sa politique monétaire. Elle pratiquait jusqu’ici un resserrement quantitatif (quantitative tightening), réduisant son bilan en ne réinvestissant pas les obligations arrivant à échéance. Cela représentait 25 milliards de dollars retirés du marché chaque mois, soit 300 milliards par an. Or, récemment, elle a ramené ce rythme à 5 milliards par mois.

Ce geste n’est pas anecdotique. Même si les taux d’intérêt n’ont pas encore bougé, cela montre que la Fed anticipe les risques à venir. Et tôt ou tard, elle sera contrainte de réagir, car elle ne peut se permettre de déclencher une récession amplifiée par ses propres décisions.

FED : ne pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé

Vincent Bezault : Mais le pragmatisme n’interdit pas les erreurs. La Fed en a commis par le passé, notamment en sous-estimant l’inflation post-Covid. Elle a dû réagir dans l’urgence. N’est-ce pas justement le risque aujourd’hui : qu’une posture d’attente empêche d’agir à temps ?

Pierre Sabatier : C’est une inquiétude légitime. Si cette attente prolongée se double d’une mauvaise évaluation de la situation économique réelle, on risque d’ajouter à la prime de risque politique une prime de risque monétaire. Autrement dit, une politique inadaptée pourrait aggraver la pression sur les actifs risqués.

Des taux trop élevés freinent à la fois la consommation des ménages et les investissements des entreprises. Si, à cela, on ajoute les incertitudes liées aux chaînes d’approvisionnement et aux tensions commerciales, on obtient un cocktail explosif. Et cela se traduit par une poursuite de la baisse des actifs risqués.

Obligations souveraines : valeur refuge dans la tourmente

Dans un tel contexte, les investisseurs se replient sur ce que nous appelons les « actifs du cœur », notamment les obligations souveraines. Même si les étrangers peuvent s’en détourner temporairement, les Américains eux-mêmes privilégient ces supports perçus comme plus sûrs.

Cela signifie que les produits de taux américains pourraient bénéficier de cette prudence généralisée, contrairement aux actifs risqués. Si, au contraire, la Fed relâche rapidement sa politique monétaire, cela pourrait limiter l’ampleur de la correction actuelle. Mais il faudra du temps pour mesurer les effets réels, donc il ne faut pas s’attendre à un rebond immédiat.

La cherté des marchés malgré la correction

Un autre facteur à surveiller est la valorisation des marchés. Ce que l’on est prêt à payer pour une entreprise dépend du nombre d’années de bénéfices attendus. En cas de récession, on observe en moyenne 35 % de révision à la baisse des profits anticipés, et 25 % de recul effectif des bénéfices. Si les bénéfices reculent de 10 % et les marchés baissent de 10 %, la valorisation reste identique. Les marchés restent donc chers, même après correction.

C’est pourquoi les inquiétudes sur la rentabilité des entreprises, déjà alimentées par les droits de douane, seraient accentuées par une politique monétaire trop rigide. Et cela pèserait lourdement sur les actions.

Des révisions de bénéfices inévitables ?

Vincent Bezault : Les analystes n’ont pas encore révisé leurs prévisions de résultats. Mais cela semble inéluctable, non ?

Pierre Sabatier : Tout à fait. Les anticipations pour 2025 et 2026 sont irréalistes. Même sans les droits de douane, les niveaux d’activité actuels ne permettraient pas d’atteindre ces objectifs. Et c’est aussi vrai en Europe.

Les marchés sont certes en avance. Après une chute de 20 % suivie d’un rebond de 10 %, on reste à -12 %. Cela correspond à une anticipation partielle des futures révisions. Mais la vraie question est : les profits vont-ils être révisés de 10 %… ou davantage ?

Croissance anticipée ou illusion statistique ? Le piège du premier trimestre

Vincent Bezault : Sans sombrer dans le catastrophisme, un ralentissement semble inévitable. D’ailleurs, certains acteurs économiques gonflent sans doute artificiellement les chiffres du premier trimestre pour devancer les hausses de prix liées aux droits de douane.

Pierre Sabatier : C’est ce que suggèrent les statistiques sur les exportations chinoises, qui ont été particulièrement solides début 2025. L’effet d’anticipation joue à plein, mais il se traduira nécessairement par un affaiblissement au trimestre suivant.

Vincent Bezault : Vous anticipez un ralentissement, mais pas forcément une récession. En revanche, les frictions persistantes entre autorités budgétaires et monétaires ne facilitent pas les choses. Et l’essentiel, au fond, c’est que les règles du jeu ont changé — et qu’elles ne sont pas encore stabilisées.

Pierre Sabatier : Exactement. On n’achète pas une entreprise pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle est capable de produire demain. Tant que le cadre reste mouvant, personne ne peut anticiper cela sereinement. Et c’est cette incertitude profonde qui justifie une approche prudente.

Comment investir dans un monde où les règles changent en permanence ?

Vincent Bezault : Stratégiquement, qu’est-ce que vous faites aujourd’hui dans les allocations que vous dessinez pour vos clients ?

Pierre Sabatier : La mise en œuvre de notre stratégie repose sur une approche de prudence raisonnée. Nous avons choisi de sous-pondérer les marchés actions par rapport à nos allocations de référence. Attention, cela ne signifie pas les exclure totalement — nous n’adhérons pas à l’idée d’un désengagement total, qui n’a pas de sens dans une approche de long terme. Mais nous réduisons clairement notre exposition par rapport à la norme.

Cette prudence concerne l’ensemble des marchés : américains, européens, asiatiques. Pourquoi ? Parce que la majorité des grandes entreprises cotées sont matures et ont tiré leur performance passée de leur ouverture internationale. Or, dans un contexte où cette ouverture est remise en question, leur position dominante est fragilisée.

En miroir, nous privilégions les actifs du cœur — ceux qui protègent le capital. Cela inclut le monétaire, qui redevient attractif, les produits de taux, et bien sûr, l’or, qui joue pleinement son rôle d’assurance dans un environnement marqué par la remise en question du dollar comme monnaie de réserve et par l’incertitude politique et géopolitique.

Sur le plan des devises, nous avons longtemps surpondéré le dollar. Aujourd’hui, ce n’est plus justifié. Il ne s’agit pas de l’exclure, mais simplement de revenir à une exposition neutre, en phase avec les indices de référence, afin de ne pas prendre de risque excessif sur ce front.

Nous conservons aussi une part d’immobilier, car les tendances baissières sur les taux — déjà perceptibles en Europe, et qui arriveront aussi aux États-Unis — joueront en faveur de cette classe d’actifs, particulièrement éprouvée ces dernières années.

En résumé, notre position est claire : prudence sur les actions, préférence pour les actifs défensifs (cash, obligations, or), neutralité sur le dollar, et réintégration progressive de l’immobilier dans les portefeuilles. Dès que le brouillard se lèvera — si les autorités monétaire et budgétaire gèrent bien la transition —, nous pourrons réaccélérer sur les actifs plus dynamiques.

Dette publique et remontée des taux : faut-il craindre une crise obligataire ?

Vincent Bezault : Une question revient souvent : dans ce contexte, ne risque-t-on pas une nouvelle hausse des taux longs, en particulier avec l’explosion des besoins de financement public, tant aux États-Unis qu’en Europe ? On évoque un plan de relance allemand massif, par exemple. Est-ce que cela ne signifie pas des pertes pour les porteurs d’obligations ?

Pierre Sabatier : Notre réponse est catégorique : non, ce n’est pas notre scénario central. Non pas parce que ce risque n’existe pas — s’il devait se produire, ce serait le scénario du pire — mais parce que nous estimons qu’il sera évité. Dans un monde en ralentissement, une hausse persistante des taux provoquerait une récession d’une intensité difficile à absorber.

Pourquoi cette confiance ? Parce que ces niveaux sont en réalité administrés. Les taux directeurs sont fixés par les banques centrales. Et celles-ci disposent d’outils puissants pour contenir une envolée des taux longs, notamment via des achats d’obligations sur le marché secondaire.

Pourquoi les banques centrales ne laisseront pas filer les taux longs

Depuis 15 ans, nous avons des preuves concrètes que les banques centrales n’hésitent pas à agir pour stabiliser le marché obligataire. En Europe, la BCE a déjà montré qu’elle ne laisserait pas les taux des pays périphériques s’écarter excessivement de ceux de l’Allemagne. Si une telle situation devait se reproduire, elle interviendrait à nouveau.

Cela implique que si les taux français venaient à diverger fortement, la BCE interviendrait, imprimant si nécessaire pour racheter des obligations et garantir le financement public. Ce mécanisme de « filets de sécurité » monétaire est désormais une réalité structurelle.

Donc, à moins de vouloir volontairement provoquer une récession sévère et un effondrement des marchés, les banques centrales continueront à amortir les chocs. C’est ce que leur histoire récente nous enseigne. En ce sens, même un taux à 4,3 % aux États-Unis reste dans la norme — il était à 4,7 % il y a quelques mois.

Ce qu’il faut retenir de cet entretien avec Pierre Sabatier

L’idée principale est que nous vivons une réécriture profonde des règles du jeu. Avec une volonté affichée, notamment aux États-Unis, de basculer vers un cadre protectionniste, hérité de références comme le président William McKinley.

Dans ce contexte, la prudence s’impose. Les perspectives de profit sont revues à la baisse, les tensions entre banques centrales et gouvernements rendent l’environnement instable, et l’incertitude domine. Il faut donc réduire son exposition aux actions, se recentrer sur les actifs du cœur (produits de taux, cash, or), rester neutre sur le dollar et ne pas exclure l’immobilier, qui pourrait bénéficier du reflux des taux.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien en cliquant sur la vidéo ci-dessus

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