Effet de halo : l’habit fait-il le moine ?

Effet de halo

En matière de style vestimentaire, le choix est vaste. Il y en a pour tous les goûts, toutes les tailles, et toutes les morphologies. Cependant, force est de constater que certains vêtements semblent surreprésentés au sein de certaines catégories socio-professionnelles. Cela pose une question : est-ce la fonction qui impose un style vestimentaire, ou bien est-ce le style qui confère la crédibilité nécessaire à l’exercice de cette fonction ?
 
C’est ici que notre sujet prend forme : la tenue vestimentaire est-elle une composante essentielle de notre réussite, notamment professionnelle ? En d’autres termes, l’habit fait-il le moine ?

L’effet de halo : un biais qui façonne nos perceptions

Pour répondre à cette question, le psychologue Solomon Asch a conduit, en 1946, une expérience qui a révélé ce que l’on appelle aujourd’hui l’effet de halo. Ce biais psychologique altère notre perception des individus, des entreprises ou même des objets en fonction de la première impression qu’ils produisent.
 
Lorsqu’un parent bienveillant conseille à ses enfants de soigner leur apparence lors d’une rencontre, il leur donne en réalité un moyen simple de tirer parti de cet effet en leur faveur.

L’expérience de Solomon Asch

Solomon Asch a présenté à des participants deux listes de traits de personnalité décrivant deux personnes fictives. La première liste débutait par des termes positifs comme « intelligent » et « travailleur », tandis que la seconde commençait par des traits négatifs tels que « envieux » et « impulsif ».
 
Les deux listes, bien qu’ordonnées différemment, contenaient exactement les mêmes adjectifs.
 
Voici un exemple :

Liste 1 : « intelligent », « travailleur », « discipliné », « envieux », « impulsif »…
Liste 2 : « envieux », « impulsif », « discipliné », « travailleur », « intelligent »…

Il fut demandé aux participants d’évaluer, sur cette seule base, les personnalités des individus fictifs.
 
Les résultats furent sans appel : les participants jugèrent très favorablement la personne de la première liste, la percevant comme bien plus rassurante et digne de confiance que celle décrite dans la seconde.
 
Cette expérience démontre qu’une première impression positive peut influencer la perception globale d’un individu, même si d’autres éléments de son caractère s’avèrent moins flatteurs.

L’effet de halo dans le système judiciaire

En 1975, Harold Sigall et Nancy Ostrove menèrent une étude intitulée Beautiful but Dangerous: Effects of Offender Attractiveness and Nature of the Crime on Juridic Judgment. Leur recherche mit en lumière l’influence de l’apparence physique et de la tenue vestimentaire des accusés sur les décisions des jurés.
 
Les accusés perçus comme attirants, bien habillés et renvoyant une image positive avaient tendance à recevoir des peines plus légères, particulièrement pour certains types de crimes. À l’inverse, les accusés dont l’apparence était jugée négligée faisaient l’objet de jugements plus sévères.
 
En capitalisant sur leur apparence et leur aura, ces accusés parvenaient à influencer favorablement des jurés tombés sous l’effet de halo.

L’effet Julien Lepers : une déclinaison française

En France, ce biais porte parfois un autre nom : l’effet Julien Lepers.
 
Ancien présentateur du célèbre jeu télévisé Questions pour un champion, Julien Lepers jouit d’une réputation d’homme cultivé et érudit. Cependant, ce statut ne repose que sur une perception biaisée. En tant qu’interrogateur, bien habillé, éloquent et maître de l’émission, il inspire immédiatement crédibilité et compétence. Mais cela suffit-il pour attester d’une culture générale exceptionnelle ?
 
Ce biais s’étend à d’autres sphères. Si une personne partage les caractéristiques visibles des membres d’une élite intellectuelle, comme une tenue soignée ou une bonne éloquence, nous sommes enclins à lui prêter les mêmes qualités, souvent à tort.

Un piège omniprésent, du recrutement à la finance

Cette erreur d’attribution fondamentale, qui consiste à surestimer les traits visibles d’une personne tout en sous-estimant d’autres facteurs contextuels, a des implications universelles.
 
Prenons l’exemple du recrutement : nous croyons fréquemment, à tort, que ce que nous observons lors d’un entretien est représentatif des compétences générales d’un candidat. L’effet de halo agit ici comme un filtre, amplifiant certains aspects et en occultant d’autres.
Cela ne signifie pas pour autant que nous avons toujours tort de généraliser.

Richard Thaler, prix Nobel d’économie 2017, souligne que notre jugement pourrait s’affiner si nous disposions de données comparatives dans des contextes similaires.

Il l’exprime ainsi :
 
« Si les gens recevaient ces données comportementales de façon à pouvoir observer un grand nombre de gens au cours de la même période et dans une situation donnée, alors notre calibration serait probablement meilleure. Et en effet, elle le devient. »
 
Maintenant que l’effet de halo nous est mieux connu, il est tentant d’imaginer que chacun pourrait l’exploiter de manière systématique, en usant de ce biais cognitif pour manipuler et obtenir quelque chose en retour.
 
Est-ce plausible ? Oui. Il est rare de croiser un homme d’affaires, un conférencier, un banquier d’affaires, un gérant de portefeuille ou un homme politique en bermuda lorsqu’ils exercent leurs fonctions. Si le costume est le vêtement de prédilection pour ces professions, ce n’est certainement pas un hasard.
 
Pour autant, doit-on douter systématiquement de leur sincérité, de leurs paroles ou de leurs actions simplement parce qu’ils arborent une tenue irréprochable ? Non.
 
Mais faut-il, à l’inverse, considérer qu’un individu est forcément compétent sous prétexte qu’il est bien habillé ? Absolument pas.
 
Adopter une vision globale est essentiel. Il faut mobiliser ses capacités d’analyse et baser son jugement sur des faits, a posteriori, plutôt que sur des présupposés.
 
Ce biais cognitif nous préoccupe particulièrement chez Synapses.
 
⚠️ Nous constatons trop souvent que des personnes sont prêtes à croire à peu près n’importe quoi en matière de finance, d’investissements ou de richesse. Ces domaines sont justement les terrains de jeu favoris d’un grand nombre d’influenceurs, qui exploitent des termes accrocheurs pour attirer dans leurs filets des épargnants à la recherche de rendements rapides et faciles.

Rappelons-nous de ce jeune homme en costume qui, dans un spot pseudo-publicitaire, a su captiver des milliers de personnes simplement grâce à son allure et à l’aura qu’il dégageait…

Leur point commun ? Une apparence soignée et sérieuse, souvent en lieu et place d’une réelle expertise. En général, ils n’offrent que de vagues « trucs & astuces », incapables d’apporter à de simples épargnants une véritable compréhension des subtilités de la gestion du risque.
 
Or, la gestion du risque ne s’achète pas. Elle se travaille, elle s’éduque, et elle se cultive avec patience, à travers l’apprentissage et l’expérience.
 
C’est pourquoi les services que nous proposons chez Synapses s’inscrivent dans la durée. Nous ne faisons pas de promesses irréalistes ni d’effets d’annonce. Notre engagement repose sur la récurrence et le temps, afin de vous aider à construire des bases solides et pérennes.

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