Mercedes-Benz : la fin des mauvaises nouvelles ?

Mercedes-Benz - Synapses

Mercedes-Benz, le constructeur allemand emblématique, traverse une période de turbulences financières. En 2024, le bénéfice net a chuté de 28,4 %, et la rentabilité est passée de 14,6 % en 2022 à 8,1 %. La marque a dû réviser ses prévisions à la baisse, anticipant une marge de 6 à 8 % pour 2025.
 
Face à cette situation, Mercedes-Benz met les bouchées doubles : réduction des coûts de production de 10 % d’ici 2027, délocalisation partielle de la production en Hongrie, et lancement de nouveaux modèles, dont 17 électriques. Mais la concurrence reste féroce, notamment en Chine où les marques locales comme BYD gagnent du terrain.
 
Est-ce que les mauvaises nouvelles cumulées ces dernières années, et notamment en 2024, sont enfin derrière le groupe ? Quels pourraient être les ressorts pour une future revalorisation de la société ? Quels sont les points de vigilance que les investisseurs ne doivent pas omettre ?
 
Observons cela en détail.

Forces

Marque emblématique et image premium :
Mercedes-Benz demeure l’une des marques les plus reconnues mondialement dans le secteur automobile, symbole de qualité, de sécurité et de performance.

Rendement actionnarial attractif :
le rendement du dividende prévu est élevé (5,70 % en 2025, 6,27 % en 2026), soutenu par une politique solide de redistribution via des rachats d’actions.

Structure de capital solide :
liquidité attendue à environ 24,5 Mds € fin 2025, permettant d’absorber des chocs externes et de soutenir la transition électrique.

Participation stratégique :
détention de 35 % dans Daimler Trucks (entreprise allemande proposant des poids lourds), offrant un levier de diversification et une valorisation d’actifs supplémentaire.

Faiblesses

Stratégie de luxe risquée :
le repositionnement vers le haut de gamme se traduit par une base clients plus étroite, une dépendance accrue à la conjoncture économique. Cette stratégie s’est d’ores et déjà retournée contre le groupe du fait d’une concurrence de plus en plus virulente des constructeurs chinois dans le domaine de l’électrique haut-de-gamme. La part du segment “Top-End”  (gamme la plus haut de gamme)  dans les ventes a reculé à 14 % en 2024 contre 16 % les années précédentes.

Sous-performance en Chine :
chute de 10 % des livraisons depuis 2020, recul de rentabilité de -18 % pour la coentreprise BBAC (Beijing Benz Automotive Co., Ltd.) en 2024, et baisse de 20 % du prix de vente moyen par rapport à 2020.

Retards technologiques :
difficultés de développement logiciel (Mercedes-Benz Operating System – MB.OS) ayant provoqué des retards dans le lancement du nouveau modèle CLA basé sur la plateforme MMA (Mercedes Modular Architecture).

Multiples boursiers faibles pour une raison structurelle :
PER ajusté de 8,01x en 2025 largement inférieur à celui du secteur automobile premium qui culmine à 14,9x, reflétant la prudence des investisseurs vis-à-vis de la stratégie du groupe et de ses perspectives.

Opportunités

Nouvelle gamme électrique :
lancement du CLA  (modèle haut de gamme)  électrique prévu au second semestre 2025, avec une version allongée pour la Chine et intégrant le MB.OS, pour concurrencer les véhicules électriques proposés par Nio, BYD ou Li Auto.

Réalignement industriel local :
stratégie d’adaptation à l’écosystème local en Chine (talents, fournisseurs, plateformes) pour réduire les coûts et relancer la compétitivité.

Production locale aux États-Unis :
projet d’un nouveau véhicule assemblé en Alabama d’ici 2027, ce qui pourrait compenser partiellement les tensions douanières.

Valorisation nette attractive :
la valeur des actifs net réévalués (ou NAV pour Net Asset Value), incluant la participation dans Daimler Trucks, 24,5 Mds € de trésorerie nette et les actifs industriels (usines, brevets), constitue un socle tangible qui soutient la valorisation de l’entreprise.

Menaces

Conflit commercial international :
lestarifs douaniers impulsés par l’administration Trump restent une menace forte, avec un impact potentiel sur les marges de la division automobile.

Concurrence accrue des marques chinoises :
domination technologique et prix agressifs de BYD, Nio, Li Auto, avec une avance notable sur les logiciels embarqués et l’électrification.

Pression réglementaire et écologique :
normes environnementales plus strictes, attentes sociétales croissantes vis-à-vis de l’empreinte carbone des véhicules haut de gamme.

Changement de paradigme de consommation :
les jeunes générations privilégient les voitures électriques accessibles, connectées, et moins associées à un statut social — remettant en cause le cœur de l’ADN de Mercedes.

Volatilité des coûts de production :
dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales, fragilisées par les tensions géopolitiques et les hausses de coûts logistiques et matières premières.

Mercedes-Benz se trouve à un carrefour stratégique où ses atouts historiques et ses efforts d’innovation se confrontent à des défis structurels et conjoncturels majeurs. Si la marque conserve une assise solide grâce à son image premium et une gestion financière prudente, elle doit néanmoins naviguer dans un environnement concurrentiel en pleine évolution, marqué par l’essor des acteurs chinois et les attentes changeantes des consommateurs.
 
Un investisseur intéressé par le titre doit garder à l’esprit que celui-ci reste en phase de repositionnement, reflétant les incertitudes liées à la transformation du secteur. Toutefois, la stratégie mise en place, notamment autour de l’électrification et de l’adaptation aux marchés clés, semble poser des bases solides pour soutenir une tendance haussière. Pour notre part, chez Synapses, nous nous abstenons de toucher au titre dans le contexte actuel. Le dossier demeure trop compliqué à nos yeux.

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