L’Europe résiste, les États-Unis corrigent | Jean-Michel Salvador

Comme chaque mois, Jean-Michel Salvador nous livre le bilan de ses Top Picks Européens. Il nous dévoile les raisons pour lesquelles il reste optimiste sur certains dossiers. Ses analyses permettent aux investisseurs de savoir quels sont, selon lui, les titres européens qui pourraient mériter d’y consacrer une part de son capital, et quels sont ceux qu’il conviendrait de délaisser.

Transcription de l’entretien du 21 mars entre Vincent BEZAULT (Team Synapses) et Jean-Michel Salvador (AlphaValue).

Jean-Michel : Bonjour.

Vincent : Bonjour Jean-Michel, bonjour à tous.

Alors, nous allons parler, bien évidemment, de tes thématiques sur l’Europe, mais avant cela, peut-être un petit point général sur le comportement du marché européen et du marché parisien également ?

Jean-Michel : Oui, alors comme d’habitude, je vais vous présenter un graphique où l’on voit la performance des indices européens et des indices américains, afin de bien observer la différence de comportement de ces derniers temps. Cette différence est plutôt en faveur, évidemment, des indices européens.

Depuis le 20 février, les marchés américains, et le Nasdaq en particulier, ont accusé le coup et ont enregistré une correction d’un peu plus de 10 %, entre 10 et 15 %. Pendant ce temps-là, les marchés européens ont bien résisté, puisqu’ils avaient progressé d’un petit 10 % en début d’année et sont ensuite restés stables. Aujourd’hui, ils affichent toujours une hausse de 10 % depuis le 1er janvier.

Ce qui est peut-être important à noter, au-delà de cet écart entre la performance du CAC 40, de l’Euro Stoxx 50 par rapport au S&P 500 et au Nasdaq, c’est que cette hausse a surtout été portée par certaines valeurs spécifiques.

Dans le CAC 40, qui affiche environ +9 % depuis le début de l’année, Thalès a explosé tous les compteurs avec une hausse de 75 %. La Société Générale a progressé de 55 %, la BNP d’environ 35 % – je ne me souviens plus exactement. Ce sont donc ces valeurs qui ont tiré le CAC 40 vers le haut.

Pour l’Euro Stoxx 50, ce sont principalement Banco Santander, BBVA et BNP Paribas qui ont soutenu la performance de l’indice.

Par conséquent, il faut noter que les valeurs du CAC 40 et de l’Euro Stoxx 50 qui ne sont ni des banques ni liées à l’armement ont évidemment une performance inférieure à celle des indices. De manière générale, elles ont même corrigé depuis le 21 février, en suivant le mouvement des marchés américains, qui, comme on le sait, ont subi une correction importante.

Vincent : Voilà, donc on en parlera peut-être un petit peu sur les valeurs de l’armement, mais d’abord sur les banques.

Jean-Michel : Oui, justement, sur les banques, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce secteur bénéficie depuis maintenant plus d’un an de la hausse des taux d’intérêt. Cela leur a permis de retrouver de meilleurs fondamentaux, d’améliorer leurs marges et d’envisager la distribution de dividendes importants dans les années à venir.

Les banques se sont donc « repricées », mais attention, elles commencent à atteindre un niveau de valorisation assez élevé. Il faut donc être prudent avant d’investir dans une banque aujourd’hui et bien sélectionner celles sur lesquelles on décide d’entrer.

C’était un point important à noter, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, personnellement, je ne rentrerais pas sur une banque à ce stade. D’ailleurs, j’ai toujours été assez réservé sur ce secteur.

Vincent : Bon, là, tu viens de nous parler des banques, mais il faut aussi qu’on parle de l’armement, cher Jean-Michel.

Jean-Michel : Tout à fait. Les valeurs d’armement ont fortement progressé le mois dernier, depuis justement la correction des marchés. On en connaît la raison : Trump, ainsi que J.D. Vance et Elon Musk, semblent vouloir que l’Amérique se désengage en partie de l’Europe en matière de défense.

Cela a déclenché quelque chose d’extrêmement important qui va s’inscrire dans le moyen et le long terme : le réarmement de l’Europe. Ce réarmement va évidemment bénéficier aux entreprises européennes du secteur de la défense, ce qui explique l’explosion de leurs cours depuis ces annonces américaines.

Cela dit, après ce mois de forte hausse, je ne vais pas entrer sur des valeurs d’armement maintenant. Beaucoup d’entre elles ont atteint des niveaux de valorisation très élevés. Certaines n’avaient pas connu de tels niveaux depuis des années : Rheinmetall, par exemple, se paye actuellement 45 fois son résultat estimé pour 2025, et Thales, 30 fois.

Je rappelle que de tels niveaux de PER supposent des croissances très significatives à venir.

Jean-Michel : Alors, c’est vrai que pour les un à deux ans à venir, il devrait y avoir une croissance d’environ 50 % du résultat net. Mais ensuite, comme pour Thales, on devrait plutôt être dans une dynamique de 15 % de croissance.

Une croissance de 15 %, c’est très bien et cela justifie des PER aux alentours de 30. Mais attention, cela signifie que ces sociétés sont désormais bien valorisées et qu’elles progresseront probablement davantage en ligne avec la croissance de leurs résultats, plutôt que d’enregistrer un bond comme celui du mois dernier.

Cela dit, certaines entreprises, comme BAE Systems, société britannique d’armement, affichent encore un PER relativement faible, autour de 20. Elle peut donc être conservée, même si, étant plus exposée au marché américain, elle bénéficiera moins directement du réarmement de l’Europe que Thales ou Rheinmetall.

Vincent : Très bien. Bon, alors, on a fait le tour de ces secteurs. Tu nous as donné des avis assez clairs : pour le moment, on ne rentre ni sur les valeurs bancaires ni sur les valeurs d’armement.

Regardons maintenant tes thématiques d’investissement. Tu as un graphique à nous montrer, je suppose ?

Jean-Michel : Oui, il s’agit simplement d’un graphique sur la performance des valeurs que nous avons en portefeuille.

Alors, depuis le début de l’année, ces valeurs ont légèrement sous-performé l’indice. Mais comme on l’a rappelé, cet indice a été tiré vers le haut par les banques et par certaines valeurs d’armement comme Thales.

On constate néanmoins que des entreprises comme L’Oréal, Airbus – qui a d’ailleurs une petite exposition au secteur de l’armement –, Swisscom, ASML et LVMH n’ont pas à rougir de leur performance depuis le début de l’année. Certaines affichent une très légère décroissance, d’autres une faible croissance, mais ce sont des valeurs que nous allons bien sûr conserver en portefeuille, sans pour autant les renforcer à ce stade.

En revanche, trois valeurs restent en bas du classement en termes de performance : Pernod Ricard, Novo Nordisk et une troisième que j’ai omise.

Concernant Pernod Ricard, inutile de trop s’attarder dessus : on sait bien que le groupe subit de plein fouet les nouveaux tarifs sur les alcools français. Les mauvaises nouvelles s’accumulent sur cette valeur, mais elle est aujourd’hui extrêmement dépréciée. Elle se traite à des multiples qui n’ont absolument rien à voir avec ceux des entreprises de l’armement ou même des banques.

Nous allons donc la conserver, même si la situation reste compliquée pour Pernod Ricard et, plus globalement, pour l’ensemble du secteur des spiritueux.

Pour Novo Nordisk, c’est différent. C’est une valeur dont on pourra peut-être parler un peu plus en détail, car elle se trouve aujourd’hui à des niveaux de prix qui me semblent intéressants.

Vincent : Justement, parlons-en. Je remets le bilan.

Jean-Michel : Donc, L’Oréal s’est un peu raffermi. On était descendu aux alentours de 330 €, il me semble, et là, on observe un certain rebond.

Concernant LVMH et, plus globalement, les perspectives de consommation dans le secteur du luxe, la situation est contrastée.

En Chine, il y a du positif et du négatif. Aux États-Unis, en revanche, les perspectives sont plus mitigées. On parle d’un plan de relance en Chine, mais la vraie question est de savoir si les consommateurs chinois vont réellement reprendre leurs habitudes de consommation. On observe donc une stabilisation des valeurs du luxe.

Cela dit, L’Oréal reste une blue chip. On sait très bien que dès qu’il y aura un point de croissance supplémentaire – même 1 ou 2 % –, cela relancera toute la mécanique des marges. L’Oréal devrait ainsi retrouver ses plus hauts.

Pour LVMH, la problématique est un peu différente. Il y a aujourd’hui des interrogations sur la structure du groupe. Certains se demandent si LVMH ne devrait pas se scinder en plusieurs entités, avec une branche luxe qui serait mieux valorisée, potentiellement comme Hermès, et d’autres divisions moins orientées luxe.

Mais connaissant Bernard Arnault, je ne pense pas qu’il ait l’intention de scinder son empire LVMH. Cela dit, le PER du groupe n’est finalement pas très élevé.

Dans tous les cas, on reste confiant sur LVMH, qui demeure un mastodonte du secteur. Ce n’est évidemment pas une valeur que l’on va vendre ou sortir du portefeuille à ces niveaux-là.

Jean-Michel : Et sur la consommation, on peut aussi parler de Zalando.

Zalando ne s’est pas très bien comporté depuis qu’on l’a prise en portefeuille, puisqu’elle a subi la correction récente. Mais les nouvelles sont plutôt positives. L’OPA s’est bien déroulée, ils ont dépassé les 90 %, ce qui va leur permettre d’intégrer pleinement cette acquisition.

C’est donc une affaire à suivre, qui, comme toutes les entreprises liées à la consommation, devrait retrouver des couleurs en 2025, du moins on l’espère.

Vincent : D’accord, on a fait le tour du chapitre consommation. On passe rapidement à Schneider ?

Jean-Michel : Oui, Schneider… Il n’y a pas grand-chose à dire de plus, mais c’est important de rappeler un point.

Si on regarde le graphique, on voit bien le phénomène que j’appelle le « repricing ». Schneider s’est surtout revalorisée en 2023, atteignant un multiple de 30 fois son bénéfice attendu pour 2024.

On sait pourquoi : la croissance du secteur des data centers a été plus forte que prévu, et désormais, Schneider devrait afficher une croissance annuelle autour de 15 %, contre environ 10 % auparavant.

Fin 2024 – début 2025, elle se traitait à 30 fois ses bénéfices attendus pour 2025. Mais elle a corrigé depuis et se retrouve aujourd’hui à un niveau attractif. À court terme, son potentiel est donc de revenir à ce multiple de 30 fois 2025, lorsqu’elle confirmera ses prévisions.

Cela signifie que, sauf accélération encore plus forte du marché des data centers, 30 fois les bénéfices reste un bon prix pour Schneider. Pour l’instant, elle n’y est pas encore, donc on la conserve. Mais il faudra se poser la question de la sortir temporairement lorsqu’elle atteindra à nouveau ce niveau de valorisation.

Et c’est intéressant de faire le parallèle avec les valeurs d’armement : certaines affichent des multiples de 30 à 45 fois leurs bénéfices. C’est probablement un plafond pour elles, après quoi elles adopteront un comportement plus similaire à celui de Schneider, c’est-à-dire moins volatil, mais stable.

Ce n’est pas un signe inquiétant, car ce n’est pas une tendance baissière, simplement une évolution plus modérée après une forte revalorisation.

Voilà pour Schneider.

Jean-Michel : Alors, passons à autre chose. Je remets notre tableau… Swisscom, ça va aller vite.

Vincent : Oui, Swisscom… Sur les télécoms, ce sont avant tout des valeurs de rendement, donc l’élément clé reste le dividende.

Swisscom, par exemple, distribuait depuis 14 ans le même dividende de 22 francs suisses. Or, pour l’exercice 2025, une augmentation à 26 francs suisses a été annoncée, mais le marché n’a peut-être pas encore pleinement intégré cette hausse.

Avec la reprise de Vodafone Italie, Swisscom se transforme : historiquement, elle était une entreprise majoritairement suisse (à 80 %), mais elle va désormais être à moitié suisse, à moitié italienne en tant qu’opérateur télécom.

Ce qui est intéressant, c’est que le dividende repose encore sur la partie suisse, ce qui laisse entrevoir un potentiel de croissance supplémentaire grâce aux activités en Italie dans les années à venir.

Pour l’instant, Swisscom reste une valeur défensive, sans risque majeur de baisse, mais avec un potentiel de progression limité à court terme. Son attrait réside dans son rendement et dans une accélération possible de sa valorisation lorsque les premiers chiffres de Vodafone Italie seront intégrés.

Vincent : Très bien, on a vu Swisscom. Il nous reste ASML et ASMI. Jean-Michel, on commence par ça ?

Jean-Michel : Oui, parlons des semi-conducteurs.

On est entré dans une période où ces valeurs avaient été revalorisées à des niveaux de PER (Price-to-Earnings Ratio) autour de 40. Par conséquent, leurs performances récentes ont été moins bonnes.

Contrairement à Nvidia, qui est restée relativement stable depuis juin 2024, ASML et ASMI ont souffert d’un marché des semi-conducteurs difficile, notamment sur les segments hors intelligence artificielle.

Je ne vais pas trop m’attarder sur ASML, qui est le poids lourd du secteur et qui se maintient malgré une correction. En revanche, ASMI mérite qu’on s’y attarde, car elle a fortement corrigé après la publication de ses résultats.

Malheureusement, le timing était mauvais : publier des résultats légèrement en dessous des attentes alors que le marché corrigeait déjà a amplifié la baisse.

Si on regarde son parcours, ASMI était montée jusqu’à 40 fois ses bénéfices attendus pour 2025 à l’été dernier. Aujourd’hui, elle est retombée à moins de 25 fois, se payant à 22 fois ses résultats prévisionnels. Pourtant, elle a simplement sous-performé sur le dernier trimestre, tout en maintenant ses objectifs pour 2025.

C’est un point clé : son niveau actuel de valorisation est historiquement bas, ce qui est surprenant pour une société aussi solide. Il y a clairement un rejet de certaines valeurs du secteur, mais ASMI reste un véritable bijou dans l’industrie des semi-conducteurs.

On la conserve, car elle repartira avec la reprise globale du secteur et la montée en puissance de l’intelligence artificielle. De plus, si on compare avec des valeurs d’armement qui se traitent à 30 ou 40 fois leurs bénéfices, ASMI apparaît aujourd’hui sous-évaluée.

Nous attendons donc non seulement une forte croissance de ses résultats dans les années à venir, mais aussi un repricing significatif, même si ce ne sera peut-être pas jusqu’à 40 fois les bénéfices. Cela vaut aussi bien pour ASML que pour ASMI.

Vincent : D’accord, donc on garde confiance en ASML et ASMI. Maintenant, on doit parler d’une autre valeur qui souffre : Novo Nordisk.

Jean-Michel : Oui, Novo Nordisk, c’était la valeur favorite de nombreux gérants ces dernières années. Mais, comme d’autres, elle souffre depuis l’été 2024.

Elle se payait alors 45 fois ses bénéfices attendus, ce qui était très élevé. Elle a entamé une correction logique dans la seconde moitié de l’année, et c’est précisément à ce moment-là que nous avons commencé à nous y intéresser.

Nous avions recommandé d’acheter Novo Nordisk lorsqu’elle est revenue sur un niveau de support, autour des 730…

Vincent : Attends, tu as un graphique à afficher ?

Jean-Michel : Oui, j’ai un graphique.

On voit un petit peu cette valeur donc qui montait, qui montait pendant 2023 et en 2024 jusqu’à l’été 2024, où là elle a atteint ses 45 fois l’exercice en cours et qui après a corrigé. Mais la correction paraissait plus normale, on commençait un petit peu à se poser des questions, de toute manière en termes de concurrence, en termes d’excès, on est quand même dans la pharmacie.

Mais nous, on a commencé à la conseiller fortement à l’achat quand elle se rapprochait de ce support à 730 €, ce qui semblait être une correction logique et un des niveaux intéressants sur lesquels revenir sur la valeur. Et puis bon, elle a décroché, comme on le sait, brutalement, elle s’est reprise, et puis là, elle a à nouveau redécroché.

Alors, on le sait, il y a finalement le futur nouveau médicament sur l’obésité qui, finalement, ne remplit peut-être pas toutes les attentes. Enfin, il n’est peut-être pas si performant par rapport au précédent. Donc bon, des interrogations, évidemment.

On en a discuté d’ailleurs avec Laurent dans une autre émission. Bon, votre analyse chez Alpha Value, considère toi-même que les résultats ne sont pas si mauvais que ça, hein. C’est plutôt une affaire de perception qu’autre chose, parce que l’étude a été faite sur une population qui était moins susceptible de maigrir, c’est-à-dire des gens, il me semble, qui étaient déjà sous traitement.

Et par ailleurs, donc, ils vont refaire des tests justement pour prouver l’efficacité de la molécule, hein, voilà.

Jean-Michel : Bon, alors après, il y a des problèmes de génériques chez Novo Nordisk, certains problèmes de concurrence aussi. Mais ce qu’il y a, c’est qu’il faut un petit peu se remettre sur ce que prévoient finalement les analystes, que ce soit Alpha Value ou le marché en général, sur Novo Nordisk et ses résultats.

Je rappelle que pour l’année 2025, qui est une année déjà entamée, le consensus Alpha Value est juste un peu au-dessus du consensus global. Mais quand même, le consensus table sur un bénéfice par action de 27,50 €. Donc 27,50 € par 20, on tombe sur les cours actuels. Ce qui veut dire que Novo Nordisk se paye 20 fois ses bénéfices.

Et après, si on se projette en 2026 et 2027, le bénéfice par action devrait passer de 27,50 € à 34 €, voire 35 € pour Alpha Value, et même 38 € l’année suivante. Donc, on est sur une croissance du bénéfice d’environ 40 % sur deux ans, ce qui mérite évidemment un PE plus élevé que 20.

Vincent : Oui, et pourtant, malgré le décrochage du titre à la fin de 2024, les analystes n’ont pas révisé leurs prévisions à la baisse. Visiblement, ils ont retravaillé leurs perspectives, et elles restent très bonnes.

Jean-Michel : Exactement. Même si ces perspectives ne sont peut-être pas aussi élevées que ce qu’on pouvait espérer à l’été 2024, ça reste une valeur avec un gros potentiel.

Donc, en effet, c’est un peu incompréhensible de voir Novo Nordisk à ce niveau-là aujourd’hui. Et si on compare avec l’armement, on voit Thalès à 30 fois les bénéfices, Rheinmetall à 45 fois, et Novo Nordisk seulement à 20 fois.

Or, Novo Nordisk est une entreprise qui offre une croissance régulière et significative dans les cinq prochaines années, au même titre que l’armement.

Vincent : Donc, en clair, on conserve Novo Nordisk, malgré un momentum qui reste négatif pour l’instant.

Jean-Michel : Ah oui, le momentum, justement. Actuellement, il n’y a aucun signe de reprise. La valeur est remontée un peu en début d’année, mais finalement, elle n’a récupéré que la moitié de l’énorme bougie baissière de la dernière semaine de 2024.

Elle était remontée vers 650 €, mais là, elle est retombée à 530 €, soit son plus bas atteint fin 2024. Donc, elle est vraiment passée de grande star à mal-aimée actuellement.

Mais dans les chiffres, le potentiel est toujours là. Fondamentalement, on la garde, mais on ne se renforce pas, parce qu’il n’y a pas de momentum suffisant pour se repositionner fortement dessus.
Donc, pour conclure, on conserve toutes les valeurs.

Vincent : Oui, tu voulais dire par “voilà, on conserve toutes les valeurs”.

Jean-Michel : En fait, je voulais aussi un petit peu regarder certaines valeurs qui finalement ne font pas partie de notre sélection, mais sur lesquelles on va peut-être pas entrer tout de suite. Parce que bon, de toute manière, il faut rester prudent sur les marchés. Mais il faut savoir que les marchés américains ont corrigé relativement fortement, de 10 à 15 % pour le NASDAQ. Donc, il y a des niveaux de prix qui sont intéressants pour certaines valeurs, et pourquoi pas commencer à regarder de près certaines valeurs, parce qu’il y a des comportements intéressants à suivre.

Alors, en parlant justement de cela, une valeur qui s’est reprise récemment, un peu comme l’armement, un peu comme Schneider et d’autres, c’est une société qui a toujours offert une croissance régulière, mais qui a aussi augmenté grâce à des nouveaux produits très intéressants. C’est donc une société qu’on peut observer. On va pouvoir regarder le graphique de cette société maintenant.

Jean-Michel : Alors, voilà. Ce graphique est sur le long terme, depuis 10 ans. On peut voir qu’avant, cette société oscillait, et en général, elle se payait 30 fois l’exercice en cours pendant les années 2015-2020. Ensuite, après le Covid, elle a connu un petit sursaut parce que ses résultats étaient un peu meilleurs. Mais, même dans ce cas, ce n’était pas un repricing majeur. Elle restait toujours à environ 30 fois 2022 ou 30 fois 2023.

Mais depuis 2024, voilà que cette société commence à exciter les appétits des investisseurs, car elle a subi un repricing. Aujourd’hui, elle se paye 35 fois l’exercice 2025. Et pourquoi ? Eh bien, parce qu’il y a des produits très intéressants, comme ceux développés avec Meta, concernant les Rebanes. Il y a aussi des produits dans le domaine de la myopie, notamment des produits qui se vendent bien en Chine. On a donc l’impression que Essilor rentre dans une période de croissance plus forte. Par conséquent, il est probable qu’elle se paye plutôt 35 fois que 30 fois à l’avenir.

Du coup, c’est intéressant de noter qu’elle est montée un peu en extension le 17 mars et surtout le 10 février à 300 €, mais qu’elle est revenue à 265 €. Cette correction est relativement faible, ce qui montre bien la résilience de la société. Les investisseurs pensent toujours qu’Essilor est une très bonne valeur à détenir en portefeuille.

Donc, pour nous, on aimerait bien rentrer sur cette valeur, mais il faut aussi expliquer pourquoi c’est intéressant.

Vincent : Pour l’instant, on va se fixer, justement, on ne va pas rentrer aujourd’hui. On va se dire que si elle descend à 250 €, eh bien ce serait bien d’y entrer à ce niveau-là, 250-245 €, ça serait un niveau de prix intéressant. Voilà, c’est une affaire à suivre. Mais là, c’est une très belle société, qui est donc justement en terme de repricing. Et puis, ce repricing est bon, mais il n’est pas non plus exagéré. 35 fois, on voit bien qu’il y en a qui se payent plus cher que ça. Alors après, si ça retourne sur 250 €, on la rentrera probablement dans les top Picks. D’accord ? Voilà.

Jean-Michel : Oui, il y a une autre société aussi qui semble se renormaliser et retrouver des couleurs. C’est Dassault Systèmes. Il y a toujours des interrogations, évidemment, sur le moyen terme, sur son implication dans l’IA. Comment Dassault Systèmes va-t-il profiter de l’IA ? Mais je rappelle que Dassault Systèmes est aussi l’un des endroits où il y a le plus d’ingénieurs français spécialisés dans l’informatique. Donc, il faut quand même le prendre en compte.

On était rentrés sur cette société fin 2023, elle était montée jusqu’à 50 €, puis elle est redescendue. On l’a finalement sortie alors qu’elle était sur un support très long terme à 32-33 €. Elle était sous ce support, elle commençait à inquiéter. Tout le monde la considérait un peu comme “malaimée” à ce moment-là. Et puis, on voit qu’elle est repartie, elle est remontée de 33 € à 40 €. Puis là, les marchés américains corrigent. C’est la technologie qui corrige, mais Dassault corrige peu. Et là encore, elle est à un niveau qui semble intéressant, car on se dit que, en renormalisant sa croissance autour de 15 % pour les résultats, elle devrait réussir à casser les 30 fois 2025 (c’est-à-dire la zone des 40 €).

Donc, si elle continue à corriger et revient vers les 37 €, comme elle l’a fait il y a quelques semaines, cela pourrait être intéressant de rentrer à ce niveau-là. Voilà, ça c’était la deuxième valeur qu’on suit de près.

Une autre valeur dans la technologie qui est intéressante, c’est Capgemini. Je vous rappelle que c’est une société de conseil en informatique. Elle a longtemps été sous les 120 €, puis après le Covid, elle est passée de 120 € à 220 €. Ensuite, elle a corrigé logiquement pour revenir vers les 170 €.

Avec l’intelligence artificielle, on s’est dit “Ah, tiens, ils font des efforts dans ce domaine, donc il va y avoir du conseil”. Elle est remontée à 220 €, mais finalement les résultats n’ont pas été aussi bons qu’espéré. L’IA en termes de conseil, c’est surtout les Big Seven qui sont dessus et non pas les sociétés clientes de Capgemini. Donc, le cours est redescendu à 170 €, et là on s’est dit “Bon, elle est sur un support”. Elle est remontée un peu, mais puis a redescendu, et là elle casse les 170 €.

Donc là, elle est vraiment intéressante à suivre, parce que si elle casse les 170 €, c’est probablement dû à ce qui se passe aux États-Unis.

C’est-à-dire qu’Elon Musk et son fameux Doge sont en train de revoir, évidemment, toutes les dépenses dans la fonction publique, donc ils vont casser des contrats avec les sociétés de services qui travaillent dans la fonction publique américaine. Capgemini est présent aux États-Unis, donc du coup voilà, elle est à un niveau où, ce que je veux dire, c’est que la baisse n’est pas forcément terminée. Même d’ailleurs, bon, Accenture a annoncé des très bons résultats pour le dernier trimestre aux États-Unis, mais finalement, le carnet de commandes commence à baisser avec tout ce que Trump et Elon Musk font subir à la fonction publique aux États-Unis.

On va attendre patiemment, mais il faut la surveiller, parce qu’à un moment ou un autre, 

Capgemini, c’est quand même une très bonne valeur. Et quand il y aura une stabilisation très nette du chiffre d’affaires, et qu’on commencera à reparler finalement de la croissance, et de l’intelligence artificielle avec plus de démocratisation, il faudra revenir sur cette valeur. Pour l’instant, ce n’est pas le moment. On ne va pas rentrer, mais elle est dans notre liste de valeurs à surveiller.

Je ne mets pas d’objectif précis, comme “tiens, si elle tape 150 €, etc.” Non, non, là on va la laisser vivre un peu sa correction. Depuis début 2024, où elle avait atteint 220 €, elle est à 170 €, donc ça fait quand même 50 € de baisse. Bon, 50 €, ça fait plus de 20 % de correction. C’est une valeur très régulière. Normalement, il n’y a pas de grosse décroissance. Voilà, donc les prix deviennent intéressants. Pour l’instant, on la regarde attentivement.

Vincent : Bon, ben on a fait le tour, Jean-Michel, merci beaucoup. Merci à vous de nous avoir suivis. N’hésitez pas à nous envoyer encore une fois vos questions, en tout cas à nous les faire parvenir. À très bientôt !

Jean-Michel : À bientôt !

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