AXA : un retour aux origines profitables ?

Vous le savez sûrement déjà, mais les SWOT que nous réalisons ne sont pas le fruit du hasard. Nous sélectionnons des sociétés pour lesquelles les résultats ou des annonces récentes méritent, selon nous, l’attention des investisseurs.
 
Le groupe français AXA, actif dans plus de 50 pays, est un acteur mondial majeur offrant une large gamme de services, parmi lesquels l’assurance dommages, l’assurance vie, la gestion d’actifs ou encore des services financiers.

Pourtant, c’est historiquement un groupe d’assurance qui ne s’est diversifié qu’à partir de 1994. Sous la direction de Thomas Buberl, AXA a entrepris un retour aux sources, depuis 2016, opérant un recentrage stratégique sur l’assurance dommages, avec pour objectifs affirmés d’améliorer sa rentabilité et de réduire son exposition aux risques financiers.
 
Un revirement stratégique maîtrisé, puisque le titre a continué, année après année, à se renforcer et à séduire durablement les investisseurs.
 
En 2024, le groupe a atteint une capitalisation boursière de 85,7 milliards d’euros, portée par une envolée boursière de plus de 20% sur l’année et un rendement du dividende attractif de 5,69 %.

Après une telle envolée, quel potentiel nous réserve AXA pour 2025-2026 ?
 
Explorons les chiffres et les dernières orientations stratégiques.

Forces

Solide rentabilité technique :
le ratio combiné en assurance dommages est passé de 97,6 % en 2022 à 91 % en 2024, soit une amélioration de 6,6 points de pourcentage, traduisant une meilleure maîtrise des coûts de sinistres et des frais de gestion. Pour rappel, un ratio combiné rapporte les sinistres et les frais aux primes encaissées. Lorsqu’il est inférieur à 100 %, cela signifie que l’assureur dégage une marge technique, c’est-à-dire que les primes dépassent les coûts liés aux sinistres et à la gestion. 

Bonne capitalisation :
ratio de solvabilité (SOLVENCY II) élevé à 216 % fin 2024, offrant une forte résilience face à des chocs économiques ou assurantiels.

Orientation stratégique claire :
recentrage sur les activités cœur comme l’assurance dommages, désengagement de l’asset management (cession à BNP Paribas), et focalisation sur les marchés à forte position concurrentielle (Europe, Japon, Hong Kong).

Rémunération attractive pour l’actionnaire :
dividende par action de 2,15 € en 2024 (+9 %), et des rachats d’actions pour  1,2 Md€, soit un retour total pour l’actionnaire estimé à 14 % en 2024.

Ambitions stratégiques claires pour 2026 :
– Croissance du bénéfice net par action : +6 à 8 % par an.
– Rentabilité des fonds propres sous-jacente visée : 14 à 16 %
– Rémunération cumulée des actionnaires : > 21 MDs€

Faiblesses

Exposition encore significative aux catastrophes naturelles :
bien que réduite, leur impact reste de 3,8 % sur le ratio combiné en 2024.

Cession de l’activité de gestion d’actifs :
perte potentielle de synergies avec l’assurance-vie. Certains concurrents comme Generali renforcent au contraire cette activité stratégique.

Dépendance accrue à l’assurance dommages : plus cyclique et plus sensible aux aléas climatiques et juridiques que l’assurance-vie ou la gestion d’actifs.

Marge bénéficiaire sous pression :
la baisse attendue de l’inflation pourrait freiner la capacité à augmenter les prix, impactant les revenus futurs.

Opportunités

Hausse de la demande assurantielle :
notamment chez les entreprises, face à la montée des risques climatiques, technologiques (cybersécurité) et géopolitiques.

Taux d’intérêt plus élevés :
revalorisent les produits d’assurance-vie et améliorent le résultat financier.

Développement durable et ESG :
l’intégration croissante des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance offre des leviers différenciants pour capter une clientèle sensible à ces enjeux.

Innovation et digitalisation :
adoption accrue des technologies (IA, big data) pour améliorer l’expérience client, réduire les coûts de gestion et anticiper les sinistres.

Potentiel de consolidation :
en se concentrant sur des marchés cibles, AXA pourrait encore acquérir des acteurs locaux ou spécialisés.

Menaces

Risque climatique croissant :
multiplication des catastrophes naturelles, malgré une réduction du risque chez AXA XL Re (branche réassurance d’AXA)

Pression réglementaire européenne :
notamment en matière de transparence financière, de durabilité (CSRD) et de capitalisation (SOLVENCY II).

Tensions géopolitiques : Ukraine, Moyen-Orient, Chine/États-Unis – incertitude sur les marchés et impact potentiel sur les investissements et primes d’assurance.

Concurrence exacerbée :
notamment dans les services numériques et assurtechs, qui grignotent des parts de marché traditionnelles.

Évolution des comportements sociétaux :
moins d’adhésion aux produits d’assurance classiques, nécessité de réinventer les offres (ex: micro-assurance, usage flexible).

En 2025, AXA semble installé sur de bons rails. Porté par une trajectoire solide, par une stratégie claire de recentrage sur l’assurance dommages, une maîtrise renforcée des risques techniques et une discipline financière rigoureuse qui ont d’ailleurs porté leurs fruits ces dernières années, notamment en 2024 avec une hausse de plus de 20% sur l’année, le groupe semble profiter à plein de son revirement stratégique.
 
L’amélioration notable de son ratio combiné, la hausse significative de son résultat technique et une politique de retour aux actionnaires généreuse témoignent de la robustesse de son modèle économique.
 
Dans un environnement marqué par des incertitudes géopolitiques, climatiques et réglementaires, AXA affiche une capacité d’adaptation crédible, tout en poursuivant des objectifs ambitieux à moyen terme, ce qui en fait un acteur à suivre de près pour les investisseurs intéressés par le secteur de l’assurance européenne.

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