SEB : le moment d’être bullish ?

Groupe SEB - Synapses

Née dans la vallée de l’Arve en 1857, SEB a traversé trois révolutions : la démocratisation de la cuisine à domicile, la mondialisation des chaînes de valeur et, désormais, la transition durable. De sa toute première cocotte-minute à l’Airfryer sans huile, le groupe a appris à se réinventer – parfois à pas comptés, parfois d’un bond. Aujourd’hui, il s’avance dans une conjoncture brouillonne : consommation atone en Europe, relance timide en Chine, tarifs douaniers américains en embuscade, mais aussi un marché avide de produits réparables et économes en énergie. Voyons où se situent ses vrais atouts… et les grains de sable qui pourraient rayer la poêle Tefal.

Forces

Portefeuille mondial et multiproduits :
88 % du chiffre d’affaires côté consommateur, qui reste résilient.

Ancrage chinois via la marque Supor (40 % de la valeur d’actifs) offrant accès direct au 1ᵉʳ marché mondial des petits appareils.

Situation financière saine :
dette nette/EBITDA ajusté 2,15 x.

Perspectives 2025 :
+5 % de croissance organique et hausse du résultat d’activité au premier trimestre.

Faiblesses

Rendement du capital érodé par des acquisitions coûteuses :
ROCE(Rentabilité des capitaux investis) ≈ 10 % hors Supor.

Sous-performance de la division professionnelle (12 % des ventes) et utilisation du capital jugée insuffisante.

Gouvernance perfectible :
intégration limitée de Supor, tensions actionnariales familiales.

Valorisation déprimée :
PER 2025 = 10,3 x, momentum boursier défavorable

Opportunités

Premier hub professionnel à Shaoxing :
recherche & développement et production pour renforcer la compétitivité en Asie.

Directive européenne du droit à la réparation entre en vigueur en 2026 :
avantage aux marques durables et réparables

Stimulus chinois sur la consommation de biens d’équipement :
hub logistique propre réduit le coût carbone.

Tendances ESG :
cuisson saine, efficacité énergétique, baisse des déchets, capitalisant sur la R&D interne.

Menaces

Nouvelles vagues de droits de douane US sur les biens d’origine chinoise (jusqu’à +60 %).

Demande toujours molle en Europe occidentale, fragilité de la conjoncture chinoise.

Perturbations maritimes (mer Rouge, détroit d’Ormuz) prolongeant délais et stockages.

Concurrence agressive (SharkNinja, Haier, De’Longhi) avec ROCE supérieurs.

SEB garde un socle robuste : marques fortes, R&D inventive et finances maîtrisées. Les ambitions 2025 – croissance organique de 5 % et marge améliorée – paraissent crédibles, même sous la menace de nouveaux tarifs américains, car le groupe a prouvé sa capacité à répercuter les hausses de coûts. 
 
Le virage réglementaire européen en faveur de la réparabilité constitue un relais de croissance naturel pour ses produits longue durée. Toutefois, le rendement du capital reste grevé par des acquisitions professionnelles surpayées, alors que la concurrence (SharkNinja en tête) affiche des ROCE nettement supérieurs. Tant que l’intégration de Supor et les questions de gouvernance ne seront pas réglées, la décote de marché pourrait perdurer.
 
En clair : SEB demeure une belle histoire industrielle, mais nécessite un coup d’accélérateur stratégique – et un pilote pleinement aligné sur ses actifs asiatiques. Nous avions intégré le titre dans le portefeuille Synapses fin mars et l’avons sorti en légère moins-value lors du krach du Liberation Day. Une décision motivée par le souhait de réduire les lignes du portefeuille en conservant les titres offrant la meilleure visibilité. Néanmoins, SEB fait partie des valeurs que nous surveillons car le groupe possède des qualités remarquables. Un nouveau décrochage de celui-ci pourrait nous amener à réfléchir à son retour au sein du portefeuille.

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