
Fondée au Danemark, Vestas Wind Systems A/S est le leader mondial (hors Chine) de la fabrication de turbines éoliennes, avec une présence marquée dans le segment onshore (terrestre) et une montée en puissance dans l’offshore (en mer). L’entreprise se distingue par une solide efficacité opérationnelle, une rentabilité supérieure à celle de ses concurrents européens (notamment Nordex et Siemens Energy), ainsi qu’une base industrielle déployée mondialement, qui inclut des installations de production aux États-Unis.
Selon les observateurs les plus optimistes, les plus bullish, Vestas disposerait même d’un levier encore peu exploité dans sa stratégie : le Bitcoin. La cryptomonnaie de Satoshi Nakamoto est friande d’énergie bon marché ou d’excédents de production. De nombreux acteurs du minage de Bitcoin se sont donc progressivement tournés vers les énergies vertes. Avec un mix énergétique composé à plus de 60 % d’énergies renouvelables en 2024 (contre moins de 40 % en 2021) pour le minage de Bitcoin, Vestas pourrait bien bénéficier de cette tendance, notamment si les projets de plusieurs États — comme les États-Unis — se concrétisent autour de la création de réserves stratégiques et de la centralisation des activités de minage de cryptomonnaies.
Mais pour l’heure, sans même rêver d’un regain de spéculation indirect lié à la production de cryptomonnaies, les données financières de Vestas suffisent à prendre en considération le dossier.
Position de leader mondial (hors Chine) sur le marché de l’éolien terrestre, consolidée par une forte efficacité opérationnelle et une rentabilité supérieure à ses concurrents.
Part importante des revenus provenant des services : en 2026, le segment Services devrait générer un EBIT estimé à 800 M€, et est valorisé à 7,2 Md€ selon la méthode NAV (Net Asset Value).
Capacité industrielle aux États-Unis, avec une usine de pales, une ligne d’assemblage de nacelles et un partenariat local (CS Wind) pour les tours, ce qui réduit l’exposition aux droits de douane (60–70 % d’approvisionnement local).
Carnet de commandes solide : 22 GW en onshore, dont 7,5 GW aux États-Unis (3,2 GW signés en 2024).
Valorisation attrayante : le business onshore est valorisé à seulement 0,4x EV/Ventes contre un multiple historique de 1x, et les activités offshore sont virtuellement non valorisées.
Rentabilité des opérations offshore déficitaire à ce jour, avec un risque élevé de retard sur les projets américains (810 MW annoncés).
Momentum boursier négatif : -10,5 % depuis le début de l’année (YTD), -13,4 % sur 3 mois.
Forte dépendance au marché européen pour compenser le ralentissement aux États-Unis, ce qui pourrait poser un problème en cas de ralentissement en Europe.
Croissance attendue du marché onshore mondial (hors Chine) à un taux annuel de 6,6 % jusqu’en 2030, avec une installation moyenne prévue de 140 GW/an.
Accélération du marché européen, notamment en Allemagne, Espagne et France, soutenue par une réduction des barrières réglementaires.
Demande croissante liée aux centres de données alimentés par l’IA, qui nécessitent une production d’énergie renouvelable décentralisée.
Valorisation attrayante pour les investisseurs long terme, avec une perspective de réévaluation si les perspectives se concrétisent.
Montée en puissance de l’offshore européen, représentant un tiers des 156 GW d’installations prévues d’ici 2030.
Élection américaine de 2024 : la nouvelle administration risque de remettre certains avantages offerts par l’IRA (Inflation Reduction Act), ce qui créerait une incertitude réglementaire aux États-Unis.
Concurrence chinoise écrasante sur le marché onshore mondial (70 % des installations en 2024).
Blocages persistants sur les connexions au réseau en Amérique du Nord, freinant les nouvelles installations (4 GW seulement en 2024, plus bas niveau depuis 10 ans).
Risque de surcapacité ou de ralentissement en cas de retards réglementaires dans les appels d’offres offshore européens.
Exposition au coût du capital élevé, qui peut retarder l’investissement dans de nouveaux projets, particulièrement en Amérique du Nord.
En dépit de vents contraires à court terme, Vestas conserve des fondamentaux solides et un positionnement stratégique de premier plan sur le marché mondial de l’éolien. Sa rentabilité, supérieure à celle de ses concurrents européens, son expertise éprouvée dans l’onshore, ainsi que la solidité de son carnet de commandes témoignent d’un modèle robuste. La valorisation actuelle peut sembler sous-estimée au regard de ses perspectives, notamment dans les services — un segment à forte marge — et dans l’offshore à moyen terme.
Cependant, l’entreprise reste exposée à plusieurs risques : incertitudes politiques aux États-Unis, concurrence chinoise intense, blocages persistants sur les connexions au réseau, et dépendance aux dispositifs publics de soutien. L’activité offshore, quant à elle, peine encore à générer des marges positives.
Vestas semble néanmoins bien positionnée pour accompagner les grandes transformations du XXIe siècle, notamment l’électrification verte soutenue par de nombreux gouvernements. Les mois à venir seront décisifs pour mesurer si les incertitudes actuelles freinent durablement sa trajectoire ou si elles ne constituent qu’un simple contretemps.