Bitcoin : le cycle haussier est (déjà) terminé

Bitcoin fin de cycle haussier ?

Contrairement à de nombreux autres actifs, le Bitcoin a évolué en défiant une grande partie des principes boursiers traditionnels, tout en ignorant ostensiblement la macroéconomie et le contexte géopolitique. C’est du moins sur cette ligne que de nombreux bitcoiners maximalistes (ceux qui ne jurent que par Bitcoin) sont restés campés depuis leur chute dans le terrier du lapin blanc.

Il est vrai que le comportement de Michael Saylor, président de Strategy (anciennement MicroStrategy), ne laisse aucun doute sur sa conviction profonde à l’égard de l’actif numérique. Selon lui, il faut en détenir coûte que coûte, car il représente le seul rempart contre l’appauvrissement personnel induit par la déliquescence des monnaies fiat.

Cet argument est désormais bien connu et largement plébiscité. Mais qu’en est-il des pro-Bitcoin plus nuancés ? Sont-ils toujours convaincus que Bitcoin a de beaux jours devant lui et que rien n’arrêtera son ascension ?

Ki Young Ju, le CEO de CryptoQuant, spécialisé dans l’analyse on-chain (l’analyse statistique et financière basée directement sur les données de la blockchain), estime que le cycle haussier de Bitcoin est terminé, avec 6 à 12 mois de variation de cours baissière ou latérale à prévoir.

Pourtant, les partisans de la thèse du cycle des quatre ans, liée au halving – événement durant lequel le nombre de nouveaux bitcoins émis sur le marché est divisé par deux – ont toujours défendu l’idée que la période post-halving est synonyme d’une explosion du cours. Le dernier halving a eu lieu le 19 avril 2024, et force est de constater que Bitcoin a retrouvé des couleurs en 2024, avec une hausse de plus de 150 % sur l’année.

Cependant, cette progression rapide ne suit pas le schéma des précédents cycles de quatre ans. Le nombre d’adresses actives n’est plus en croissance, signe que le réseau peine à attirer de nouveaux utilisateurs malgré les récentes innovations comme les Ordinals ou les Runes.

Autre signal préoccupant : les flux entrants de nouveaux capitaux sont en déclin depuis décembre 2024. Ce recul témoigne d’un engouement moindre pour le projet de Satoshi Nakamoto par rapport aux mois précédents.

Il faut également souligner que de nombreux mouvements de whales (investisseurs détenant plusieurs centaines, voire milliers de bitcoins) ont été observés ces derniers mois. Cela indique que certains détenteurs de longue date quittent progressivement le marché, sans que de nouveaux entrants suffisent à compenser ces sorties et soutenir la hausse des prix.

Les plus sceptiques envers la cryptomonnaie y verront le signe d’un épuisement de la “pyramide de Ponzi” et un indicateur de la fragilité de Bitcoin, trop dépendant de la spéculation. D’autres souligneront, à juste titre, que malgré ces éléments, le hashrate – qui détermine le niveau de difficulté et donc la sécurité du réseau – reste en hausse. Les récents soubresauts du marché n’ont eu aucun impact sur lui, ce qui confirme que la technologie Bitcoin, indépendamment de son prix, se consolide jour après jour. Le réseau Bitcoin est d’ailleurs considéré depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, comme la technologie la plus sécurisée au monde.

Alors, le cycle haussier est-il terminé ? Peut-être, ou peut-être pas. Ce qui est certain pour une majorité de crypto-enthousiastes et de néo-cryptoboys, c’est que ce cycle diffère des précédents. Pourquoi ? Parce que les politiques monétaires des banques centrales sont moins accommodantes, parce que les ETF Bitcoin sont apparus, et parce que la politique s’est emparée du sujet, notamment avec Donald Trump.

En France, François Hollande s’est récemment entretenu avec plusieurs experts crypto francophones, affichant ainsi publiquement son intérêt pour le sujet. Autrefois, une telle prise de position aurait pu coûter des voix à n’importe quelle figure politique; aujourd’hui, il semblerait que la donne ait changé. De son côté, Marine Le Pen a même suggéré d’adosser des infrastructures de minage de Bitcoin à des réacteurs nucléaires.
Ce cycle nous réserve sans doute encore de nombreuses surprises.

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